Ce mardi 22 Septembre, le MOUVES AURA était présent à la C.C.I. de Grenoble à l’occasion d’une journée dédiée au financement à fort impact. Dans le cadre de notre programme LeadHer, nous avons animé une table ronde “lever les freins à l’entrepreneuriat social au féminin” réunissant plusieurs intervenants dont Séverine Leloarne professeur à l’Ecole de management de Grenoble, Bertille Carlier de Grenoble Alpes Initiative Active, la Caisse d’Epargne Rhône Alpes et des témoignages d’entrepreneures sociales de Virginie Hils de Comptoir de Campagne et Amandine Delafon de Cocomiette.
Premièrement, Severine Leloarne a parlé du taux de l’entrepreneuriat au féminin et a indiqué que seulement 26,4 % des dirigeants d’entreprises sont des dirigeantes et que ce chiffre est stable depuis 2001. Elle souligne que les intentions de croissance sont conditionnées par l’activité et la perception que l’on a de son activité et non pas par son sexe. Néanmoins, de par notre éducation, les choix varient selon notre genre ce qui entraîne une différence entre les femmes et les hommes. Les femmes créent plus dans les services à la personne. Elles créent en général seules car elles ont plus de difficultés à déléguer ce qui a tendance à freiner leur croissance. Mais aussi on repère davantage une « stratégie des petits pas » chez les femmes.
GAIA et la Caisse d’Épargne sont intervenus pour présenter leurs dispositifs permettant à plus de femmes entrepreneures d’accéder aux financements. Nous retiendrons notamment qu’il ne faut pas hésiter à aller demander des financements, puisque d’après ces spécialistes, l’autofinancement n’est pas forcément la bonne solution !
Amandine Delafon de Cocomiette et Virginie Hils de Comptoir de Campagne sont venues témoigner de leurs expériences sur la levée de fonds :
Amandine Delafon a créé Cocomiette, S.A.S. respectant la loi de 2014. Cocomiette fait de la bière à base d’invendus de pain en créant des boucles entre les fournils et les brasseurs en Isère et à Paris.
Virginie Hils a fondé Comptoir de Campagne qui est elle aussi une S.A.S. et la première entreprise du Rhône labellisée ESUS. Elle réimplante des commerces multi-services en zones rurales.
Dans leurs récits d’expériences ces deux fondatrices reviennent tout d’abord sur l’importance du réseau, sur l’enjeux de bien s’entourer et de s’ancrer dans l’écosystème local de l’E.S.S. Amandine a mis en place avec son associée un comité de pilotage qui lui permet d’avoir un regard extérieur, qu’elle considère comme très important. En effet, consulter des personnes extérieures permet parfois de changer le paradigme, donc de changer l’impact et ainsi de saisir une opportunité qui n’aurait pas été saisie sinon. Pour constituer ce comité elle a fait appel à son réseau et aux diverses compétences mobilisées par celui-ci.
Virginie de son côté a un comité stratégique mais il lui arrive aussi de faire appel à des personnes extérieures suivant le regard dont elle a besoin.
Concernant leurs levées de fonds… Virginie Hils revient sur sa première levée de fonds où elle avait demandé 600 000€. Une personne de son réseau lui avait fais remarquer que ce montant n’était pas assez ambitieux et que cela pouvait potentiellement décrédibiliser sa démarche. En effet, cette personne avait souligné que les hommes avaient plus tendance à oser franchir cette barrière, ce qui leur permettait davantage de faire face à d’éventuels imprévus.
Amandine Delafon se disait « réact » aux levées de fonds puisque elle et son associée n’avaient pas envie de rendre des comptes. Toutefois une levée de fonds est un passage presque nécessaire pour se développer. Elles ont choisi de faire cette levée de fonds car il y avait une utilité derrière et non pas seulement dans le but de se développer. Elle conseille de faire sa levée de fonds au bon moment et parce qu’on en a besoin.
Virginie Hils conseille d’avoir le « coup de cœur » pour ses financeurs : il faut être aligné dans la réussite du projet mais aussi être convaincu de l’impact de l’organisation. Il faut donc savoir dire non quand les objectifs du partenaire et les vôtre diffèrent.
Severine Leloarne a conclu cette table ronde en soulignant que la prise de décision finale revient toujours aux fondatrices après une réflexion parfois éclairée par des tiers. De plus, une relation importante se crée avec le banquier et plus largement les financeurs et il faut savoir s’entourer d’acteurs qui apportent des prismes différents.
En soulignant que pour mener au mieux sa levée de fonds, il est important d’être bien entouré par des acteurs pouvant apporter un regard différent et qu’il est important de créer une relation privilégiée avec ses financeurs.