Crescendo : Céline Legrain met l’impact social au cœur du développement des crèches

Celine LEGRAIN

Céline Legrain, directrice de Crescendo

Crescendo est une association loi 1901 du groupe SOS, secteur jeunesse, et spécialisée dans l’accueil de la petite enfance (crèches et haltes-garderies). Au-delà de ses 32 structures petite enfance, elle compte également un centre social, 2 chantiers d’insertion et une accorderie (dispositif d’échanges de services).

L’histoire de Crescendo commence en 2004. A cette époque l’association habitat et soins porte un projet de structure petite enfance à destination de ses usagers en situation d’insertion sociale et/ou professionnelle, qui de ce fait sont bien souvent exclus des accueils petites enfance municipaux. La Ville de Paris se révèle intéressée par ce projet et propose rapidement au Groupe SOS d’enrichir ses dispositifs par un dispositif de structures petites enfances parisiennes, en reprenant une association en difficulté. Crescendo était né !

Plus que de simples modes d’accueils les crèches et les haltes-garderies du réseau Crescendo sont des établissements créateurs de liens, qui accompagnent notamment des familles en insertion sociale et professionnelle. Par ailleurs, 4 établissements disposent d’un agrément spécifique accueil handicapé. Une équipe renforcée permet ainsi d’y accueillir un tiers d’enfants avec un handicap, systématiquement intégrés avec d’autres enfants sans handicap, dans un souci de mixité.

Céline Legrain, Directrice générale de Crescendo, a suivi l’association depuis ses débuts : « A l’époque, en 2005, l’association comptait 10 établissements petites enfances et 80 salariés. Aujourd’hui nous comptons 32 structures petites enfances implantées à Paris, Chanteloup, Amiens et à Beauvais et plus de 400 salariés. C’est une belle progression  d’autant que ce secteur est de plus en plus concurrentiel ».

L’interview de Céline Legrain

Comment êtes-vous devenue une entrepreneure sociale ?

Avec un Master 2 de sciences de gestion et très intéressée par les questions liées aux ressources humaines, j’ai commencé ma vie professionnelle dans un groupe privé lucratif  : Total Rapidement, j’ai compris que je n’étais pas à ma place : je ne me retrouvais pas dans la culture et dans la finalité de l’entreprise. De plus, les services étaient cloisonnés et l’organisation très hiérarchique ce qui laissaient peu de place à la spontanéité et la prise d’initiatives. A la même époque, j’ai rencontré Jean-Marc Borrello, Président de l’actuel groupe SOS qui m’a proposé le poste de  DRH qu’il venait de créer. J’ai tout de suite adhéré à ce projet qui ne s’appelait pas encore entrepreneuriat social mais qui comportait une part sociale importante en adéquation avec mes valeurs. Je suis restée 5 ans Directrice des Ressources humaines du groupe. A ce titre, j’ai suivi le projet de fusion entre les associations petites enfances et demandé à en prendre les rênes dès 2005 : c’est ainsi que je suis arrivée à la tête de Crescendo. Après un audit des lieux, la mise en place d’un plan pluri-annuel d’investissement, le renouvellement des outils pédagogiques, la mise en place de formations pour le personnel et d’échanges de pratiques inter-structures Crescendo est devenu pleinement opérationnel.

Aujourd’hui, quels sont les enjeux pour Crescendo ?

Le 1er enjeu vient de l’entrée du privé lucratif dans notre secteur.Les entreprises privées ont une politique de développement et de marketing assez agressive. Cette concurrence accrue a poussés les associations du secteur à mener une réflexion pour gérer plus efficacement leurs structures : penser en termes de taux d’activité et taux occupations était loin de la culture des professionnels. Un travail de formation et d’accompagnement des équipes a été amorcé pour réussir à exercer notre métier dans ce nouveau cadre sans faire d’impasse sur la qualité de notre service.  C’est un travail de longue haleine que l’on poursuit encore aujourd’hui.

Le  2ème enjeu est d’ordre managérial. Comme dans le reste du secteur, 60 % de nos salariés n’ont pas le niveau BAC. Peu rémunérés, ils peuvent être socialement fragiles. Il est très important pour nous de les former et les accompagner afin qu’ils puissent monter en compétence. Une attention particulière est portée à leur bien-être, ce n’est malheureusement pas toujours le cas dans le privé lucratif…

Le 3ème enjeu repose sur un déficit d’image qui laisse à penser que les associations sont moins compétentes et financièrement plus fragiles que les entreprises lucratives. Une image erronée sur laquelle nous devons faire des progrès d’autant plus que nous pouvons justifier d’un réel impact  social, qui constitue « un plus » insuffisamment mis en valeur. Selon une étude de Terra Nova, les crèches sont le 1er lieu de lutte contre les inégalités : lorsque l’on investi dans la petite enfance, on fait faire à terme des économies à la société car on favorise l’insertion sociale et professionnelle future des enfants. C’est un point très important, qui doit davantage être reconnu, notamment par les pouvoirs publics, dans un contexte de forte concurrence et de marchandisation des services à la petite enfance. L’enjeu est de mieux communiquer sur notre impact social pour en faire un avantage concurrentiel face à certains acteurs privés pour qui seule la logique du profit compte.

Des conseils pour un futur entrepreneur social ?

Il faut du dynamisme, parce qu’entreprendre c’est gérer efficacement son entreprise et c’est innover pour sans cesse  avoir un train d’avance. Et puis entreprendre socialement c’est certes entreprendre avec une finalité sociale, mais c’est aussi et toujours tenir compte des hommes et des femmes qui composent les entreprises. Un point qui demande du temps et de l’énergie mais qui en vaut la peine. Un projet social peut être très bon : encore faut-il le faire connaitre, le porter au niveau politique, démontrer son modèle économique… c’est un long chemin qui mérite de s’armer de patience et de détermination.  

Pourquoi adhérer au Mouves ?

Nous pouvons profiter par l’intermédiaire du Mouves d’un réseau d’entrepreneurs sociaux avec lesquels nous pouvons échanger sur des thématiques pour faire avancer l’entrepreneuriat social dans son ensemble mais aussi échanger sur des points qui nous concerne directement. Par exemple, Demain nous voudrions nous implanter à Marseille, et le Mouves m’a mise en contact avec l’équipe de Marseille Solution, projet porté par des adhérents du Mouves en PACA. Nous n’en sommes qu’aux prémices d’une possible collaboration mais c’est une affaire à suivre !

plus d’information sur http://www.crescendo.asso.fr/

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