Ce mois-ci, zoom sur Arnaud Castagnède, à l’origine du projet du Cloître qui ouvrira ses portes prochainement dans le 13ème à Marseille. Serial entrepreneur et fellow Ashoka, découvrez son parcours !
Pouvez-vous m’expliquer votre parcours / comment êtes-vous devenu(e) entrepreneur(e) social ?
Arrivé en Guyane Française en 1987 et fan de sa forêt amazonienne et de ses fleuves j’ai créé « Découverte de l’Amazonie » avec des amis passionnés comme moi. Notre objectif était de proposer une autre façon de découvrir cet environnement dans une approche respectueuse de l’écosystème avec un impact social et sur l’emploi. En effet le tourisme pouvait être une ressource économique dans cette région trop souvent négligée, l’écotourisme devait être son format alors qu’il connaissait ses débuts. Former, créer de l’activité et de l’emploi pour ces populations amérindiennes isolées résidentes sur ces mêmes fleuves, valoriser leur connaissance de cet écosystème devenait alors une solution pour développer une ressource intégrée et adaptée. Ce projet ayant fait son chemin, l’office national des forêts m’a demandé de le développer au cœur de l’établissement public et d’en étendre la portée. C’est ainsi que les premiers chantiers école ont été créées en 1991 en vue de former ces mêmes populations aux techniques de construction bois pour réaliser les infrastructures nécessaires à leurs modes de vie en milieu isolé, (écoles, dispensaires, etc.) créer de l’activité sur ces villages, assurer l’entretien des infrastructures construites. Le principe équitable étant d’utiliser leur connaissance du milieu pour bâtir avec les ressources traditionnellement utilisées et connues d’eux, et de les former aux techniques de construction bois reproductibles avec les experts en la matière, les compagnons charpentiers. Plus de 250 amérindiens ont été ainsi formés, et ont créé leur activité sur les fleuves frontière du Brésil, du Surinam et au cœur de la Guyane Française.
Une nouvelle étape m’a conduit dans l’exploitation minière d’or toujours en Guyane Française où là j’ai créé des chantiers école d’orpaillage puis des programmes de réhabilitation des sites exploités grâce à des programme de plantation qui permettaient de créer de l’emploi pour les habitants des villages voisins tout en réduisant l’impact environnemental de l’exploitation.
Après 10 ans, en 1997 retour précipité en France métropolitaine pour raisons de santé de ma fille, arrivée sur Marseille Ville que je ne connaissais pas, mais où elle devait être soignée. 1998 Création d’une plateforme de formation aux métiers de l’environnement (ADELIES) pour la PJJ, 1999 création d’une auto-école associative pour l’INFA Méditerranée (de A à B), 2000 création d’une base de mise à disposition de scooter pour ADPEI (Yakaroulé), tout en ne perdant pas de vue le projet de créer à nouveau ma propre structure. Un tour de région faisait ressortir un important patrimoine dans un état plutôt dégradé, l’idée de créer alors des chantiers de restauration du patrimoine sous forme de chantiers école allait germer en 2001 et permettre de créer ACTA VISTA que j’ai ensuite dirigé jusqu’en 2015.
Grâce à ces réseaux et après avoir rencontré d’autres entrepreneurs sociaux et pris connaissance de leurs projets ailleurs en France et dans le monde, des dirigeants de grands groupes qui s’engagent à nos côtés, l’idée était de créer un lieu qui devait être colonisé par des entrepreneurs sociaux ou des entrepreneurs qui s’engageaient à agir en tant que tels. Ce devait être un lieux qui défendait les valeurs de l’entreprise à condition qu’elle remette l’humain au cœur de leurs processus économiques et sociaux. La rencontre les dirigeants de grands groupe au sein d’ASHOKA, Vincent ROBERT, François BARBIER, Patrick OUDOT DE DAINVILLE, puis celle de Bruno GALY et des Apprentis d’Auteuil a été déterminante pour le projet du Cloître. Avec un lieu et des personnes d’exception, Le Cloître ne peut être qu’un projet exceptionnel.
Comment s’organise votre projet ?
- Un projet social, qui intègre la formation des jeunes et moins jeunes du territoire Nord de Marseille issus des QPV au cœur de l’entreprise pour des métiers d’avenir et en tension.
- L’entreprise qui devient vecteur de formation dans ses métiers
- Un lieu d’exception et valorisant implanté sur le territoire Nord de Marseille.
- Une chaîne de valeurs portée par une association LE CLOÎTRE constituée avec les cofondateurs à laquelle adhère chaque partenaire du projet
- Un promoteur social Apprentis d’Auteuil pour engager un programme de travaux de rénovation et porter un investissement de 3 M€ cofinancé par l’Union Européenne via le FEDER.
- Un engagement des partenaires pour développer leurs activités sur le Cloître et contribuer à son projet social
- Etendre ce format à d’autres entreprises du territoire
Quels sont les enjeux de votre structure ?
Chaque structure partenaire sur Le Cloître est autonome et contribue à un projet social commun, le but étant d’étendre cette implication bien au-delà du Cloître en faisant que le plus grand nombre s’engage dans ce processus et qu’il soit répliqué et essaimé.
Quels sont les obstacles que vous avez surmonté ?
Convaincre que nous vivons une époque formidable où il y a réellement des opportunités d’innovation et de changement dans le domaine du social et de l’emploi grâce à l’entrepreneuriat social, que les modèles pratiqués depuis des décennies sont à remettre en question, voire au placard, et qu’il s’agit maintenant de conjuguer les cultures, d’entreprises, d’associations, afin qu’elles soient complémentaires
Avez-vous un conseil à donner pour un nouvel entrepreneur social ?
- Forge ta motivation,
- le NON tu l’as….. tu ne risques que le OUI
Pourquoi avez-vous adhéré au Mouves ?
Il n’est pas de réseau inutile et dans cette période d’accélération, l’échange et le partage est crucial, la cocréation fondamentale !
Prix reçus :
2001 Prix de l’entrepreneur innovant au salon des entrepreneurs de Paris
2006 Lauréat Français fondation SCHWAB
2010 Trophées RSE PACA
2010 Fellow ASHOKA