Envie en Lorraine est un groupe d’entreprises sociales créé en 1991, guidé par un ensemble de valeurs fortes. D’abord un engagement solidaire, car toutes les activités du groupe visent à favoriser la création d’emplois locaux avec une conviction : « nul n’est à priori inemployable…. ». Ensuite, un engagement en faveur de l’environnement où ces activités sont centrées sur la réduction des déchets, par le recyclage et la valorisation. Enfin, un engagement sur la durabilité économique, axée sur le développement, la pérennité de l’entreprise, et une répartition des richesses raisonnée.
Le groupe se compose de plusieurs entités :
- Envie Lorraine, qui produit et reconditionne et met en vente des appareils électroménagers d’occasions et garantis
- Envie 2e Lorraine, qui gère la logistique, la collecte et le recyclage de matériaux complexes (déchets d’équipements électriques et électroniques, des déchets d’ameublement…)
- EIMA SCIC spécialisée dans le bâtiment
- VALOR’EM, à qui est délégué le marché de la collecte sur la Moselle Est
Le groupe compte aujourd’hui 120 salariés, plus 1 000 personnes ont bénéficié d’un contrat de travail de droit commun depuis 20 ans dans une logique de retour à l’emploi, 15 000 tonnes de déchets sont collectés chaque année dont 9 000 traités en interne, 4 000 appareils électroménager remis en circulation tous les ans, et 4 500 m2 créés ou rénovés dans le bâtiment.
Pierre Guyot réaffirme à chaque instant la volonté du groupe : « Toutes nos activités convergent vers un même objectif : créer de l’emploi sur le territoire lorrain. »
L’interview
Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?
Après une formation d’éducateur spécialisé, j’ai exercé en tant que travailleur social en milieu ouvert. Mais malgré mon intérêt pour ce métier, je m’en suis vite lassé car trop déconnecté du terrain. J’ai alors complété ma formation par des études de management et gestion. Puis, j’ai pris la direction d’une entreprise dans le bâtiment ; un virage à 360° où je suis passé d’un tout social à un tout économique, peut-être trop… En 1990, on me parle d’un projet d’entreprise, agréée « entreprise d’insertion » autour de l’électroménager et du reconditionnement. Je trouve enfin le bon équilibre entre projet économique et social. C’est ainsi que je monte la première entreprise de la Fédération Envie en Lorraine : Envie Lorraine. Une quinzaine d’emplois sont créés mais je suis alors persuadé qu’on peut mieux faire. Une conviction que je m’emploie à réaliser depuis 23 ans en diversifiant nos activités avec deux lignes directrices : une démarche d’écologie industrielle et la collaboration avec les acteurs locaux pour répondre aux besoins des lorrains.
Un projet emblématique que vous allez mener prochainement ?
Nous implantons une chaine de démantèlement de literie à Toul, au cœur de l’ancienne usine Kleber. Un site qui appartenait au groupe Michelin et qui a fermé en 2009, entraînant la disparition de 2 000 emplois et la mise en friche de 100 0000 m2 de terrain. Envie 2e Lorraine a ainsi investi 10 000 m2 pour la logistique et bientôt pour le traitement des déchets de literie. 30 emplois devraient être créés sur cette activité. Nous ne sommes pas peu fiers de contribuer à la réhabilitation de cette cathédrale industrielle emblématique de la région.
Des conseils pour un futur entrepreneur social ?
Je pense que c’est important de s’entourer. D’abord en s’ancrant dans une dynamique locale et en nouant des partenariats, y compris avec des grands groupes. Ce sont les hommes et les femmes qui comptent et l’envie de construire ensemble ; pas la taille des institutions !
Ensuite, je pense qu’il faut savoir s’entourer de gens compétents. C’est d’ailleurs l’un de nos écueils dans le secteur du bâtiment où nous avons du mal à recruter des gens experts, capable de transmettre leur savoir-faire… La notion de transmission est la clé pour assurer la pérennité de l’entreprise. Dès le début, il est important de penser à recruter son successeur.
Enfin, puiser son énergie au sein d’un réseau. Sans le réseau, Envie en Lorraine n’existerait pas. Il permet d’échanger, de confronter son avis, parler de ses projets, de ses problèmes et prendre de la hauteur. Le rôle du Mouves, mais aussi de la Fédération Envie par exemple, prend alors tout son sens.
Vous êtes l’un des moteurs du Mouves Lorraine. Pourquoi avoir contribué à sa création ?
J’ai été fasciné par l’énergie qui se dégage de tous les projets que j’ai découvert au fil du temps sur le territoire Lorrain. Des hommes et des femmes prêts à quitter la sécurité de leur emploi pour créer une entreprise par conviction. J’ai eu envie de les aider. Avec quelques autres, nous avons décidé d’accompagner ces projets à travers le Mouves Lorraine afin qu’ils profitent de notre expérience et de nos réseaux. Là où certains réseaux pourraient tourner en rond avec toujours les mêmes personnes, au Mouves, il y a des jeunes, des idées et ça bouge ! C’est avant tout pour apporter mon expérience et mon réseau aux jeunes et moins jeunes qui feront l’entrepreneuriat social de demain que je suis au Mouves Lorraine !