Mélanie Ponson – (IM)PROVE

Mélanie Ponson, adhérente et ambassadrice du Mouves AURA, est Déléguée Générale d’(IM)PROVE, une entreprise sociale qui soutient le déploiement des innovations sociales par la mesure d’impact et le bénévolat de compétences.

Bonjour Mélanie. Comment êtes-vous devenue entrepreneure sociale ?

J’ai suivi une formation en chimie dans une école d’ingénieurs à Montpellier. Je me suis très vite orientée vers un poste en gestion de projet plutôt qu’un poste technique en laboratoire, puis j’ai découvert le métier de consultant grâce à mon stage de fin d’études. A la sortie d’école, je me suis orientée dans le conseil, parce que c’était ce que je connaissais. J’ai vite été déçue, l’entreprise dans laquelle je travaillais avait une organisation dépassée, avec peu de possibilité de m’impliquer et m’épanouir.

C’était une structure en décroissance, ce qui me laissait du temps pour réfléchir. J’ai repris mes études pour me réorienter dans le développement durable. J’avais cette sensibilité vis-à-vis de l’environnement, de l’alimentation, et j’ai eu la chance de faire un master assez généraliste qui abordait également la question de l’entrepreneuriat social. Cela a vraiment ouvert mon champ de vision.

J’ai réalisé mon stage de fin d’études au sein d’(IM)PROVE. A la fin de celui-ci, la Déléguée Générale de l’association m’a proposé de prendre sa suite. Je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité.

Comment s’organise votre projet ?

(IM)PROVE a été créé en 2009, c’était alors un projet associatif. Elle a pour mission de déployer l’innovation sociale et a fait de la Mesure d’impact social son cœur de métier. Depuis 2013-2014, l’association a effectué une transition vers un modèle économique hybride combinant de la prestation de service (formation, coaching et conseil), comme le ferait un cabinet de conseil, et 3 programmes de bénévolat de compétences qui constituent la genèse d’(IM)PROVE : les deux premiers impliquent des étudiant.e.s ou jeunes diplômés et le troisième implique des personnes plus expérimentées.

L’entreprise  est composée d’une équipe de 6 personnes, avec 4 salarié-e-s et 2 stagiaires. Il y a 5 personnes à Paris et moi à Lyon. Nous travaillons à répondre aux questions suivantes : comment se répartir les tâches ? Comment s’impliquer ? Comment être plus efficace ? Nous décentralisons mieux, notamment en suivant un processus d’ « opalisation », en cherchant à imiter le modèle des organisations « opales » décrites dans le livre de Frédéric Laloux¹.

(IM)PROVE  se définit comme une entreprise sociale, attachée à des valeurs de solidarité – nous voulons démocratiser la mesure d’impact en réfléchissant au budget et au temps alloué à chaque mesure –, de bienveillance – nous apportons un regard extérieur et neutre, en mettant en lumière les couacs mais aussi les bonnes choses et les pistes d’amélioration, en visant toujours le dépassement – et d’humilité – notre métier est neuf et nous oblige à nous remettre constamment en question.

Quels sont les enjeux de votre structure ?

(IM)PROVE doit faire face à deux enjeux principaux. Tout d’abord, il faut rendre accessible la mesure d’impact, en aidant les structures à s’emparer de ce sujet. Les entreprises sociales doivent prendre conscience de ce que la mesure d’impact peut leur apporter. Souvent, il n’y a ni budget alloué ni compétence en interne pour la réaliser. Nous cherchons donc des solutions aux problèmes de financement rencontrés par les entreprises sociales.

La pérennisation de cette mesure d’impact est un second enjeu : nos outils doivent être plus connus et plus utilisés, à différents stades de l’évolution d’une entreprise. Il reste encore du chemin à parcourir.

Avez-vous un conseil à donner pour un.e nouvel.le entrepreneur.e social.e ?

Je lui conseillerais d’écrire sa théorie du changement, qui est une sorte de carte mentale pour faire le lien entre les actions que l’on mène concrètement et la mission sociale que l’on poursuit. Il s’agit d’expliciter le lien de cause à effet entre actions et impacts, à long, moyen et court termes, mais aussi de mettre en lumière ce qui peut empêcher d’atteindre la mission sociale. Ce travail de décorticage sera utile le jour où il ou elle souhaitera évaluer son impact. C’est un outil puissant qui permet de réinterroger le sens de sa mission.

Pourquoi avez-vous adhéré au Mouves ? 

J’ai adhéré au Mouves pour deux raisons principales. Le Mouves me permet d’être identifiée dans la communauté des entrepreneurs sociaux, de revendiquer que notre modèle hybride relève bien de l’ESS. Le Mouves me permet aussi d’appartenir à un écosystème : on retire de ce réseau des mises en relation bénéfiques, du partage d’expérience, ce qui a beaucoup de valeurs pour une structure qui se lance et qui se pose plein de questions.

Plus d’informations sur (IM)PROVE sur leur site ou leur page Facebook.

¹ LALOUX Frédéric, Reinventing Organizations, Nelson Parker, 2014, 378 p.

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