Phitech et Philippe Lemaire : des solutions qui donnent le sourire aux déficients visuels

Philippe-Lemaire-Phitec

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Phitech est une entreprise sociale lorraine fondée en 2003 par Philippe Lemaire, visant à offrir des solutions d’accessibilités aux personnes déficientes visuelles pour faciliter leurs déplacements dans la ville et les transports. L’entreprise a deux principales missions.

D’abord, elle aide les non ou mal-voyants à s’orienter dans la ville grâce à des petites balises installées sur la devanture des magasins. Celles-ci permettent aux personnes de savoir, grâce à une télécommande vocale, devant quel bâtiment elles se trouvent. La balise leur transmet aussi des informations pratiques : horaires d’ouverture, lieu où se trouve l’accueil, détails sur les services proposés etc.

Avec la même technologie, Phitech aide également les déficients visuels  à accéder aux informations  voyageurs : dans combien de temps passe le prochain métro ? Sur quel quai arrive mon train ? Quelle est la durée du retard estimé ? Autant d’informations fondamentales pourtant jusqu’alors inaccessibles pour ces personnes  et rendues disponibles à travers la technologie Phitech. Une avancée dont se réjouit Philippe Lemaire, Directeur de Phitech :

« Nous sommes précurseurs dans l’accès à la mobilité pour les non-voyants. Nous venons de signer un partenariat avec Alstom pour équiper de nombreux trains de la SNCF avec nos balises afin de permettre aux non-voyants d’identifier la bonne voiture. Nous espérons un jour être capables de les aider à trouver leur place assise. »

L’interview de Philippe Lemaire

Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?

J’ai une formation en optique et en audioprothèse mais ce qui m’intéressait vraiment à l’époque c’était l’électronique et les nouvelles technologies. J’ai ainsi travaillé quelques années dans le secteur des cartes à puce avant de créer Phitech en 2004. Au départ, notre vocation était de permettre à quiconque d’émettre un appel d’urgence partout dans le métro. Ma rencontre avec une personne  non-voyante a bouleversé mes plans : à son contact j’ai compris que les balises créées pouvaient aussi servir à guider les aveugles dans le métro. En 2005, j’ai repositionné mon entreprise dans cette perspective.

Avez-vous rencontré des obstacles ?

Oui bien sûr. La création d’entreprise est un long cheminement. Notre 1er enjeu a été de trouver des sources de financement. Nous avons mis 6 ans et investi  3 millions d’euros pour mettre au point une gamme complète de produits. La SNCF et le Comptoir de l’innovation font à présent partie de notre capital. La Banque publique d’investissements nous a également accompagnée. Nous avons eu la chance que nos partenaires financiers nous laissent prendre le temps de développer la technologie optimale pour aider les personnes non-voyantes.

Une fois les balises créées nous pensions avoir fait l’essentiel…  mais fallait-il encore les vendre à nos clients (grande distribution, banques et assurances, organisations du secteur public, grands transporteurs, etc.). Problème : nous avions des ingénieurs très compétents, mais pas de commerciaux ! Cette phase de vente n’a pas été facile d’autant que les enseignes n’ont pas encore de délais impartis par la loi pour s’équiper. Aujourd’hui,  la moitié de l’équipe fait de la vente et du conseil auprès de nos clients. Ce rôle de conseil est très important car les voyants ont souvent du mal à s’imaginer ce qu’il faut faire pour rendre accessibles les espaces aux non-voyants, comme par exemple signaler par des ronds en volume au sol la présence d’un escalier. Nous avons un vrai rôle de sensibilisation à jouer !

Quels Conseils donneriez-vous à un futur entrepreneur social ?

Si vous avez envie de vous lancer, faites-le ! Il n’y a pas forcément besoin d’aller à l’autre bout du monde pour vivre une belle aventure ! L’entrepreneuriat social véhicule des valeurs fortes parmi lesquelles la dimension humaine compte plus qu’ailleurs. Je gagne certainement moins d’argent que lorsque je travaillais dans une boutique d’optique mais je suis heureux de faire un métier porteur de sens.

Je conseillerai aussi d’essayer d’être au plus proche des bénéficiaires. Travailler pour les personnes déficientes visuelles nous a demandé une grande capacité d’adaptation. Pas facile de se mettre à la place de quelqu’un qui ne voit pas : non, ça sert à rien de leur demander d’appuyer sur le bouton rouge… (c’est du vécu !). Je conseille de bien s’entourer. Nous avons ainsi collaboré avec des associations de non et malvoyants. Les formations dispensées nous ont permis de comprendre leur besoins  pour mieux y répondre. Enfin, nous avons maintes fois testé notre produit jusqu’à voir un beau sourire sur leurs lèvres. Oui, notre technologie va changer leur vie au quotidien !

Pourquoi avoir adhéré au Mouves ?

Je ne suis pas au Mouves depuis longtemps car la communauté en Lorraine est encore toute jeune. Ce que j’apprécie surtout c’est le contact avec d’autres entrepreneurs sociaux. Je découvre plein d’initiatives très intéressantes, des personnes pleines d’enthousiasme et d’énergie. Nous partageons des problématiques similaires et ce réseau est une excellente source d’entraide.

Pour plus d’information rendez-vous sur http://www.phitech.fr/

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