Mundao propose dans une démarche innovante – l‘upcycling (récupérer des objets que l’on utilise plus afin de les transformer en objets utiles) – des objets beaux et utiles, issus d’initiatives inspirantes, altruistes et de développement.
- Comment es-tu devenue entrepreneure sociale ?
Nous avons co-fondé Mundao avec mon mari, Etienne, car nous voulions entreprendre et l’économie sociale et solidaire nous passionnait tout comme les problématiques de l’impact autour l’environnement. Le déclic a eu lieu lors d’un voyage où nous avons rencontré des ONG qui à travers des initiatives à impact environnemental (tri des déchets) et social (travail bien meilleur que les conditions de base dans le pays). Il s’agissait de l’ONG Friends au Cambdoge crée par un français avec un super impact environnemental mais surtout sociétal car les elle mène des actions d’emploi pour les parents pour sortir les enfants de la rue et leur permettre de se scolariser. Nous avons alors décidé de créer Mundao pour vendre les objets faits à partir de matériaux recyclés que fabriquaient des ONG en Thaïlande, au Cambodge, au Mexique, en Grande Bretagne ou encore en Inde. L’idée était de montrer que l’on peut faire de jolies choses à partir de matériaux recyclés.
- Comment s’organise le projet ?
C’est parce qu’il y a beaucoup de déchets en France que l’idée nous est venu de travailler sur la draisienne. Le bois notamment est un matériau que l’on voit et qu’on utilise beaucoup dans la région. Nous mettons l’accent sur le design car il nous permet de faire de jolis choses avec des déchets, comme le bois par exemple. Nous avons alors décidé de travailler avec un designer et une entreprise adapté qui a fabriqué la draisienne pour nous à partir de caissons de bois recyclés. La draisienne a été mise en place par une campagne de crow-funding (financement participatif) et a reçu le prix innovation durable par Camif à l’occasion du Make It Happen 2017.
Après la drasienne nous avons voulu développer d’autres produits mais nous nous sommes heurté.e.s à l’écueil de la distribution car les produits n’avaient pas assez de marge pour intéresser les producteurs. Nous voulions absolument des produits Made in France, ce qui nous a amené à nous intéresser à l’économie bleue, théorie développée par Gunter Pauli. De fil en aiguille, nous avons découvert le projet de couches compostables à Berlin de l’association Dycle qui fabrique des couches avec du composte. On les a alors contactés et on s’est dit, mettons nous ensembles pour bosser sur la création de cette couche compostable. On s’est aussi associés aux Alchimistes et on a remporté un prix de la fondation française Famae, dans le cadre d’un concours d’invention visant à améliorer le recyclage et la réduction des déchets. Chacun a des problématiques différentes parce-que les Alchimistes par exemple ils travaillent beaucoup sur les couches et sur comment recycler les couches, et nous c’est vraiment sur cette approche de territoire. L’idée c’est de faire un composte de qualité pour être utilisé dans le maraîchage local, ensuite l’idée ça serait que le maraîchage alimente la restauration collective des territoires, comme les cantines, les crèches, les collectivités locales. Notre expérimentation on va la faire sur le territoire de SMICVAL qui est la Haute Gironde.
L’idée c’est vraiment l’approche territoriale, l’approche créatrice de valeur sur le territoire, on va impliquer les acteurs du territoire. On va donc faire un test avec les crèches du territoire, le SMICVAL. Bien sûr, l’idée de la couche compostable c’est de l’utiliser partout, d’aller de territoire en territoire. Utiliser des couches compostales c’est bien mais aujourd’hui il n’y a pas de système de collecte dans les foyers, il y a la poubelle normale, la poubelle recyclable, éventuellement il y a des bio-déchets, donc on en est pas encore à pouvoir allier au niveau de la vente de particuliers car il n’y a aucun système de collecte. Ca va forcément arriver, on sait pas trop à quelle échéance mais ça viendra.
C’est un projet sur lequel on a commencé à travailler en fin d’année dernière et c’est vrai qu’on en très rapidement parlé aux acteurs avec qui on voulait monter le projet donc on a très vite monter la chose pour étudier la faisabilité du projet, savoir avec qui on allait pouvoir le faire, on a vraiment une approche collective où on veut bosser ensembles, avec les partenaires parce-que c’est que comme ça qu’on fait avancer les choses. Là on travaille par exemple avec un fabriquant de couches pour mettre au point la couche compostable. Nous on va impliquer un fabriquant de projet avec nous, on travaille avec des industriels parce-qu’il faut des matériaux compostables et l’idée c’est de faire ensembles.
- Quels sont les enjeux de votre structure ?
Le fil conducteur de Mundao ça va vraiment être la revalorisation des déchets mais à chaque fois en essayant de trouver une réponse à un déchet qui n’est pas traité, les couches par exemple qui forment aujourd’hui 6 % de déchets n’ont pas encore de solution de recyclage.
Ce qui nous importe c’est de contribuer à tout ce qui se passe au niveau environnemental et sociétal, il y a un gros enjeux et aujourd’hui il faut penser les choses différemment, on n’est plus dans une économie linéaire, on est dans une économie circulaire, il faut intégrer ce mode de pensée dans chaque process parce-que c’est pas possible d’épuiser les ressources non renouvelables, c’est pas durable en tout cas. Nous on veut contribuer à ce changement, changer notre manière de penser, de produire et c’est ça qui est innovant et passionnant, en tout cas pour nous c’est le futur. Ensuite, on pense que ce sont des approches qui nous permettent d’avoir de la valeur en local. On parle beaucoup de la mondialisation généré par le libéralisme, avec l’économie circulaire on se rend compte que c’est un moyen de créer de la valeur local mais y’a des choses qui peuvent se passer à l’échelon territorial. C’est ce développement économique et territorial qui nous intéresse beaucoup. On a envie de contribuer à ça, ou avoir des projets qui ont cet impact.
- Quel(s) conseil(s) pourrais-tu donner à un.e nouve.au.lle. entrepreneur.e social.e ?
Alors ténacité, je crois qu’il ne faut jamais rien lâcher. Et endurance aussi sinon tu craques très vite. En même temps patience, il faut savoir être patient parce-que tu as des phases de gros coup de bourre et puis tu as des phases de latences où les choses se mettent en place. Et puis être bien entouré, les éco-systèmes, le collectif.
- Pour quelles raisons Mundao a adhéré au Mouves ?
Je crois qu’il est très important de faire partie d’un éco-système. Le Mouves permet de faire partie d’un collectif avec des valeurs qui nous animent. Avec le Mouves on a pu rencontrer pleins de gens supers !
Découvrez un retour presse sur le projet de la Draisienne ici, et celui des couches recyclables là.