De nombreux salariés ont une vraie volonté de faire avancer leur entreprise vers une meilleure prise en compte des problématiques sociales et environnementales. Cependant à l’intérieur de l’entreprise, il est parfois difficile de savoir comment mobiliser ses collègues et construire son projet.
Ces intrapreneurs viennent régulièrement à la rencontre des entrepreneurs sociaux en leur demandant comment eux aussi, à leur échelle, ils peuvent contribuer à changer les pratiques de leur entreprise, résume Jérôme Schatzman, Responsable régional du Mouves Francilien et dirigeant de « Tudo Bom ? » lors du 1er apéro du Mouves sur l’intrapreneuriat social.
Partant de cette demande, le Mouves Francilien s’est résolu à prendre la notion d’intrapreneuriat social à bras le corps et de travailler avec ces intrapreneurs sur une première définition.
Selon ses premiers travaux, le Mouves Francilien défini l’intrapreneur social comme étant un individu évoluant dans une organisation à finalité lucrative, permettant par la création d’un projet spécifique, de transformer les comportements et les métiers de l’entreprise vers une meilleure prise en compte de son impact social ou environnemental.
L’intrapreneuriat social serait donc un pont entre l’entrepreneuriat social et l’entreprise « traditionnelle».
Le Jeudi 1er décembre 2011 au Comptoir Général, plus d’une centaine de participants se sont réunis pour venir écouter nos 3 invités intrapreneurs sociaux. Ils ont été invités à répondre à une enquête dans le but de dessiner avec eux un premier profil de l’intrapreneur social.
Retour sur l’échange avec les 3 intrapreneurs sociaux
Le déclic, la motivation
Pour nos 3 intrapreneurs, le déclic est venu d’une volonté de travailler au service de ses idées, et d’avoir un impact positif social ou environnemental à travers un projet dont ils étaient les porteurs.
L’intrapreneuriat permet de s’engager tout en valorisant son action au sein même de l’entreprise. Ce sont souvent des rencontres avec d’autres personnes motivées qui permettent de matérialiser le projet.
Le profil type de l’Intrapreneur social
Si profil type il devait y avoir, se serait, selon nos 3 intrapreneurs, celui d’une personne pragmatique qui a les pieds sur terre et capable d’assurer la pérennité d’un projet. Une personne communicante, qui aime transmettre et convaincre et qui sache « vendre » son projet. Comme l’a soulevé Benjamin Gratton, cofondateur d’Opinion Way, de Bebetterandco, et de Velobar, il est difficile d’aller voir ces collegues en leur disant : « Ce que vous faites n’a pas beaucoup de sens, voilà comment faire ! ». Il est plus persuasif et diplomate d’aller chercher des collaborateurs motivés qui pourraient accepter de prendre un peu de temps pour un projet donné.
Les facteurs clés de succès
Les deux facteurs clés identifiés, sont d’une part, l’adhésion du personnel de l’entreprise au projet et aux valeurs qu’il véhicule et d’autre part, la cohérence entre le projet et les activités de l’entreprise.
Ainsi, comme l’a soulevé Pascaline Brosset, Manager chez l’Occitane en Provence et Présidente de l’association Coordination Parrainages, il était plus naturel pour elle de proposer la création d’une association destinée à soutenir des femmes au Burkina que tout autre projet. En effet, le Burkina est l’un des principaux partenaires commercial de l’Occitane et l’un des objets de la Fondation l’Occitane est l’émancipation économique des femmes au Burkina Faso.
Les pièges à éviter
A l’amorçage du projet, les premières difficultés sont financières. Il faut en effet réussir à convaincre que le projet vaut la peine d’être financé. Ensuite, il faut éviter le surinvestissement personnel et construire son projet en cohérence avec les critères de l’entreprise pour renforcer la crédibilité de ce dernier.
Un conseil pour les futurs intrapreneurs
L’expérience est bien plus accessible qu’on ne le pense, et il est possible d’être solidaire et innovant dans les grandes entreprises, il ne faut pas hésiter à se lancer. Le mieux est également d’avancer par étape pour éviter le découragement et assurer la pérennité du projet.
Zoom sur 3 intrapreneurs sociaux
Adèle Haentjens – Chargée de mission Citoyenneté Société Générale
Adèle a occupé un poste de communication d’une filiale de la Société Générale pendant près de 3 ans. Elle s’est progressivement impliqué dans les activités citoyennes de l’entreprise avec pour principal domaine d’action le secteur de l’insertion professionnelle des personnes en difficulté.
Ces activités citoyennes font maintenant parties du projet de la Fondation Société Générale pour la Solidarité, composée de 4 personnes avec un budget de 2 millions d’€. L’équipe et le budget ont doublé en 2 ans.
Selon Adèle le réel axe de progrès de ces activités d’intrapreneuriat social est de permettre au entreprises à finalité lucrative d’adopter une véritable démarche de développement durable, au-delà d’un simple axe de communication pour l’entreprise.
Pascaline Brosset – L’occitane en Provence, Présidente de Coordination Parrainages
Pascaline occupe maintenant depuis plus d’un an et demi le poste de Chef de Produit International. Fin 2008 elle décide de cofonder l’association Coordination Parrainages. L’association récolte des fonds (pour l’instant auprès des salariés) afin de soutenir l’ONG Faa I Tuora (« se prendre en charge ») qui agit pour l’émancipation des femmes au Burkina.
Au-delà d’un soutient financier, Coordination Parrainages permet de mettre en relation les salariés de l’Occitane avec les femmes membres de Faa I Tuora par un système de parrainages. Coordination Parrainages souhaite à terme pouvoir également récolter des fonds auprès des clients de l’Occitane afin d’élargir ses sources de revenus et augmenter sa capacité de financement et d’action.
Benjamin Gratton – Cofondateur de Bebetterandco, d’Opinon Way et de Velobar
Benjamin Gratton fonde en 2000 l’entreprise Opinion Way (aujourd’hui 50 salariés, 12M CA). Dans la perspective d’impulser une démarche RSE dans son entreprise, il décide il y a quelques années de monter le projet « Bourse aux études » qui réalise des prestations pro bono (mise à disposition de collaborateurs Opinion Way en mécénat de compétence) pour les entreprises sociales.
Il prend, alors, conscience du potentiel de changement de ces personnes et organisations et nourrit lui aussi le projet de monter une entreprise sociale. Il créé donc Vélobar en 2010, qui est un projet de microfranchise autour du concept de restauration mobile solidaire et écologique. En parallèle, Benjamin a également crée une structure de conseil appelée Bebetterandco qui accompagne des entreprises classiques dans la conduite du changement avec une approche sociétale : la vision de Bebetterandco est que le « leadership social entraine le leadership économique ».
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Pour en savoir plus sur l’intrapreneuriat social, visitez notre page chantier dédiée ! [/one]