L’année 2014 s’est achevée sur un triste constat : la notion d’intérêt général part en lambeaux. Une récente étude du Crédoc[1] l’atteste : alors que l’opinion publique française s’est toujours montrée bienveillante vis-à-vis des personnes vivant en situation de pauvreté, le regard s’est aujourd’hui durci. Les pauvres seraient coupables de leur situation, les politiques sociales représenteraient un facteur de déresponsabilisation et la redistribution des plus aisés vers les plus modestes serait trop généreuse.
L’année 2015 s’ouvre pourtant sur un élan inespéré : au lendemain de l’un des plus sombres évènements qui ait ébranlé la République, c’est un cri de liberté et de tolérance qui a résonné dans les rues de France et du monde. Les mobilisations « Je suis Charlie » du 11 janvier ont rappelé de manière éclatante que les françaises et les français sont plus que jamais attachés à la devise Liberté, Egalité, Fraternité et ne demandent qu’à se rassembler pour faire à nouveau société.
Il est de la responsabilité des entrepreneurs sociaux d’être des acteurs clés de cet élan. Il est de la responsabilité des entrepreneurs sociaux de faire la preuve concrète que des solutions existent pour replacer le vivre ensemble et la cohésion sociale au cœur de nos vies. En luttant contre la pauvreté et toutes les formes d’exclusions, en faisant de l’égalité des chances leur priorité, en favorisant l’accès de chacun à la santé, l’éducation et la culture, mais aussi en préservant l’environnement, les entrepreneurs sociaux incarnent l’idée que cette notion d’intérêt général est l’affaire de toutes et tous – pouvoirs publics, entreprises et citoyens – et que chacun doit et peut y contribuer.
Le Mouves souhaite ainsi plus que jamais, en cette année 2015 qui débute, faire rimer intérêt général avec enthousiasme, initiative, détermination et combattre le désarroi, le défaitisme, le renoncement. Après avoir contribué à la reconnaissance de l’entrepreneuriat social et tout en continuant à œuvrer pour la réunion des conditions nécessaires à son changement d’échelle, le Mouves veut accélérer la capacité des entrepreneurs sociaux à faire la différence dans la vie des françaises et des français. Et ce, avec toutes celles et ceux qui croient en cette autre manière d’entreprendre.
Pour y arriver, action et langage de la preuve seront encore et toujours ses mots d’ordre.
Aux plaidoyers corporatistes, technocratiques ou abstraits, le Mouves préférera un plaidoyer partant du terrain, « de ceux qui font », et dirigé vers le grand public. Il sera centré sur quelques défis sociaux et environnementaux ciblés, simples et parlants, auxquels il existe des solutions entrepreneuriales qu’il faut davantage valoriser, notamment auprès des politiques dans le cadre des régionales 2015.
Au « dire », il opposera le « faire », en fédérant toujours plus étroitement une communauté d’entrepreneurs et de partenaires, centrée sur l’action et des projets concrets au profit des territoires et de leurs populations. Une communauté déterminée à faire émerger une nouvelle génération pour qui l’entrepreneuriat est un outil formidable au service d’une société plus humaine.
En 2015, le Mouves fait de l’intérêt général sa bataille, et des entrepreneurs sociaux ses défenseurs les plus remarquables et les plus innovants.
André Dupon, Président
[1] En 2014 le soutien à l’Etat-Providence vacille, Régis Bigot, Emilie Daudet et Sandra Hoibian, Crédoc, septembre 2014