JobIRL est un réseau social lancé en janvier 2013 par Christelle Meslé-Génin, permettant à des jeunes de 14 à 25 ans d’échanger avec des professionnels de tous secteurs afin de construire leur projet professionnel. Le principe repose sur une mise en contact directe entre jeunes et professionnels via des messages privés, fils de discussions, voire des rencontres physiques… Tout le monde est gagnant : les jeunes, à la recherche d’informations, sont ravis d’échanger avec des personnes expérimentées, elles-mêmes heureuses de transmettre leur passion.
Et ça marche ! En un an, la taille de la communauté été multiplié par 14 pour atteindre plus de 10.000 membres aujourd’hui. 800 métiers et 47 secteurs d’activité y sont représentés.
Implanté principalement en Ile-de-France, le réseau va prochainement se développer en région Midi-Pyrénées, recruter des professionnels, ambassadeurs de leurs métiers et des jeunes pour mobiliser la communauté.
Christelle Meslé-Génin ne cache pas son envie de transformer en profondeur l’approche traditionnelle et peu innovante de l’orientation professionnelle : « Nous sommes 28 millions d’actifs, il y a 5 millions de jeunes en formation, si chacun d’entre nous en rencontrait un par an, nous bouleverserions l’orientation en France. »
L’interview
Quel est votre parcours ?
J’ai fait des études de mathématiques, de finance et d’économie et plutôt que de devenir analyste, je suis devenue entrepreneur social ! Bizarre ? Pas tant que cela…Forte de ma formation, j’ai commencé ma carrière au sein de grands groupes privés dans le secteur de la finance et l’assurance. En parallèle, je me suis impliquée dans le milieu associatif (accueil pour SDF, création de groupe de soutien pour les chômeurs, accueil de jeunes…). Et cette fibre associative s’est définitivement imposée dans ma vie professionnelle quand je suis devenue Présidente de la Fondation du groupe General Electric. A ce moment, j’ai organisé des groupes de soutiens scolaires à Nanterre. Frappée par le désarroi de ces jeunes face à leur projet professionnel, j’ai eu le déclic. Devant la complexité du monde du travail, qui mieux qu’un « pro » peut expliquer son métier ? J’ai testé mon idée pendant quatre mois dans les lycées d’abord, puis auprès des acteurs des ressources humaines dans les entreprises. J’ai ensuite été hébergée chez Antropia, l’incubateur de l’ESSEC où j’ai pu bénéficier d’accompagnement pour mûrir mon idée. Début 2013 JobIRL était né !
Comment fonctionne cette plateforme web ?
C’est très simple : les jeunes s’inscrivent gratuitement sur notre site. Dès lors, ils peuvent se mettent en relations avec des professionnels des secteurs d’activité qui les intéressent, leur poser des questions directement, voire les rencontrer. Nous organisons aussi régulièrement des Happy JobIRL (ou speed dating) en partenariat avec des lycées et établissements d’enseignement supérieur ainsi que des organisations du secteur choisi. Notre dernier Happy JobIRL sur les métiers de l’informatique a permis aux jeunes de rencontrer des professionnels travaillant chez Microsoft, Steria, Accenture, ou des start-up. Notre objectif est d’apprendre aux jeunes à se constituer un réseau, une approche qu’ils garderont tout au long de leur carrière. Les professionnels y gagnent aussi ; c’est valorisant pour eux d’expliquer leur métier et important d’entendre les aspirations des jeunes avec lesquels ils ont finalement peu de contacts.
Côté business model, nous avons mis en place un système de partenariats avec les entreprises et les écoles qui rejoignent notre communauté : les entreprises valorisent leurs métiers, et leur politique RH ! Nous ne sommes pas sélectifs sur les profils des professionnels qui nous rejoignent, tous les salariés sont mobilisés, cadres ou non-cadres. Quant aux écoles, elles valorisent leurs formations, à travers les parcours professionnels de leurs anciens élèves. S’associer à JobIRL c’est aussi agir concrètement en faveur de l’emploi des jeunes.
Quel est le profil des jeunes ?
La communauté est composée à moitié de lycéens et à moitié d’étudiants. Autant d’entre eux s’orientent dans des filières techniques que vers des études à Bac + 5. Nous avons des jeunes qui veulent être traders et d’autres plaquistes. Je tiens absolument à cette diversité. La vraie richesse c’est de pouvoir faire vivre tout le monde en cassant les barrières et les a priori. Mettre des « pro » en face des jeunes c’est les confronter à la réalité du monde travail et valoriser les métiers où les débouchés existent.
Quels conseils donneriez-vous à un futur entrepreneur social ?
Il faut avoir un grain de folie et beaucoup de détermination car faire le choix de l’entrepreneuriat social c’est dur, notamment en termes de recherches de financement. Mais c’est aussi une très belle aventure qui peut se concrétiser si l’on est convaincu de l’impact social de son projet.
Et puis, il faut oser se lancer et tester son idée. Cette approche « terrain » validera ou non une partie de la viabilité du projet. Selon moi, l’idée est bonne si elle trouve rapidement son public.
Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer au Mouves ?
Je m’intéresse l’entrepreneuriat social depuis 10 ans, j’ai vite identifié le Mouves comme un acteur important du secteur. J’ai adhéré pour le réseau d’abord parce qu’il me permet de rencontrer des personnes intéressantes dans mon métier. Je pense aussi que c’est important de promouvoir l’entrepreneuriat social. C’est vrai que nous sommes un brin rêveurs mais nous sommes surtout des entrepreneurs, avec les pieds sur terre, qui agissons avec des vrais business model. Et c’est bien de montrer que ça fonctionne !
Plus d’info sur http://www.jobirl.com/