Par Jonathan Jérémiasz, président du Mouves
Le Mouves s’est créé pour engager une dynamique large de transition économique, écologique et sociale en rassemblant des entrepreneurs pionniers d’un nouveau modèle qui créent et qui développent des structures avec un objet exclusivement tourné vers l’utilité sociale, qui partagent les richesses et la gouvernance.
Aujourd’hui, le gouvernement propose de mettre en place un nouveau statut d’«entreprises à mission » à « objet social élargi », sociétés dont les associés fixent volontairement, en plus de leur objet social, une mission complémentaire au seul partage des bénéfices. Après la reconnaissance de l’entrepreneuriat social, comment ne pas saluer l’initiative du gouvernement de créer ainsi un second cercle d’entreprises engagées qui feraient un pas de plus pour alimenter la dynamique tirée par l’entrepreneuriat social en améliorant leur impact social et environnemental et en renforçant les actions initiées dans le cadre de leur RSE.
Le Mouves a toujours mis au premier plan le rassemblement, l’ouverture et l’inclusion pour élargir les rangs de ceux qui choisissent d’entreprendre autrement mais aussi pour infuser les valeurs et pratiques de l’entrepreneuriat social dans l’ensemble du paysage économique. Enthousiastes, nous jouerons pleinement notre rôle en étant également ambitieux et rigoureux pour que ce nouveau statut offre un effet de levier puissant vers une autre économie.
Avec la mise en place concomitante du PACTE de Bruno Le Maire et du Pacte de croissance de l’ESS piloté par Christophe Itier, le moment est unique pour donner une cohérence globale et lancer une vraie dynamique vers une économie privée qui remet au centre l’humain et prend sa part dans le progrès social. C’est pourquoi dans le cadre de ces travaux nous appelons à ce que :
– l’Etat encourage clairement la création et le changement d’échelle des entreprises sociales dans le Pacte de croissance de l’ESS, car tout est réuni aujourd’hui pour qu’elles prennent une place beaucoup plus importante dans l’économie : les financeurs sont là, les écosystèmes locaux se structurent, les citoyens consomm’acteurs sont prêts à s’engager. Nous sommes prêts à être les locomotives d’un nouveau modèle de développement.
– l’Etat soit ambitieux pour faire des entreprises à mission les alliées de cette évolution, en leur demandant des engagements forts et structurels comme par exemple des plafonds clairs et la transparence sur la rémunération des dirigeants, une gouvernance encourageant l’implication des parties prenantes, des indicateurs publics sur leur impact social et environnemental et chaque année une part plus importante d’achats et de partenariats avec les entreprises sociales.
67 % des français attendent que les entreprises partagent plus équitablement les profits entre les dirigeants, les salariés et les actionnaires d’après un récent sondage* alors qu’aujourd’hui, en France, les 21 personnes les plus riches détiennent autant que les 40 % les plus pauvres. Il est urgent de remettre, comme le disait Nicolas Hulot récemment, « l’économie comme moyen au service de l’homme et pas l’homme au service de l’économie, elle-même indexée au service de la finance ». Nous prouvons depuis des années que cela est possible dans nos entreprises, nous sommes mobilisés aujourd’hui pour amplifier le mouvement.
* Elabe pour l’Institut de l’entreprise