RecycLivre est une structure solidaire de revente de livres d’occasion sur internet qui crée un lien solidaire entre ses clients et les populations défavorisées. L’entreprise a été fondée à Paris en 2008 pour désencombrer les appartements pleins à craquer de livres avec l’idée d’offrir un service innovant de collecte gratuite, permettant ainsi de générer une économie solidaire avec un impact positif sur l’homme et sur l’environnement.
Pouvez-vous me parler de votre parcours, de ce qui vous a amené à l’entrepreneuriat social et chez RecycLivre ?
J’ai toujours plus ou moins été dans des structures de l’ESS et j’ai principalement travaillé au sein d’associations dans le domaine culturel en général, gravitant autour des pratiques amateurs dans les arts (musique, photo, vidéo…), mais aussi dans l’organisation et la production d’évènements. J’ai été directeur pendant 3 ans et demi d’une association mutualisée dont l’objectif était de fournir sur un territoire des moyens techniques pour les organisateurs de spectacles, des moyens humains, des formations professionnelles et de la mise en réseau de personnes qui ont des compétences avec des personnes sur le terrain.
Après ces expériences, j’avais très envie de revenir dans le Sud-Ouest d’où je suis originaire mais aussi revenir vers le monde de l’entreprise, j’ai alors saisi une opportunité de rêve : venir à Toulouse travailler pour RecycLivre. Je pouvais ainsi rejoindre le monde de l’entreprise tout en m’investissant dans un projet qui correspond à mes valeurs : l’impact social, la solidarité, l’innovation…
J’ai eu l’opportunité de devenir responsable d’antenne régionale en charge de l’implantation puis du développement de RecycLivre sur la région Occitanie quelque peu élargie au Cantal et à la Corrèze !
Quels obstacles as-tu rencontré et comment les as-tu surmontés ?
Il y a un obstacle qui me vient immédiatement à l’esprit : la recherche du local ! Il nous fallait un lieu suffisamment grand pour accueillir notre activité de collecte et tri des livres. La recherche de ce local a été un mini parcours du combattant : les loyers sont très élevés à Toulouse et il y avait peu d’offres avec la superficie nécessaire à un prix abordable. Nous avons été ravis de trouver le Multiple avec les Imaginations Fertiles et Artilect Fablab et c’est un peu triste de déménager à la fin de l’année et de devoir retrouver un local.
La deuxième difficulté en revenant à Toulouse était de me recréer un réseau mais cela n’a finalement pas été un vrai obstacle. Tout s’est fait de manière fluide notamment grâce aux très bons outils dont nous bénéficions chez RecycLivre. J’ai ainsi pu profiter de l’expérience de mes collègues qui ont ouvert des antennes ailleurs en France. Nous sommes ici la 6ème et dernière antenne mise en place. Ces retours d’expériences m’ont beaucoup aidé et j’ai également pu compter sur certains réseaux comme le Mouves !
Quel est l’enjeu principal de RecycLivre aujourd’hui ? Quels sont les nouveaux projets ?
Outre l’amélioration constante de nos algorithmes qui nous permettent de vendre correctement nos livres en ligne, à petit prix, le second enjeu se situe sur la collecte des livres.
Il y a trois gisements essentiels chez RecycLivre que nous cherchons à toujours plus développer :
- Travailler avec des particuliers à qui nous proposons de la collecte de livres à domicile. Cette collecte à domicile se fait à Toulouse mais aussi à Montpellier par l’intermédiaire d’Alternmobil.
- Travailler avec les associations auprès de qui nous récupérons les surplus de livres.
- Travailler avec les collectivités : notamment les bibliothèques qui font du désherbage et les services de collectes de déchets qui récupèrent beaucoup de livres en déchetteries.
- J’évoque rapidement les entreprises auprès de qui nous proposons principalement des services de collectes événementielles.
Il s’agit pour moi de créer de véritables dynamiques locales, avec un maillage territorial pertinent et rapprocher le service des populations. L’activité induit un impact local, notamment auprès de nos partenaires associatifs et de l’ESS plus globalement chez qui nous générons de l’activité.
L’enjeu de développement sur la région c’est notamment de renforcer ces liens avec les collectivités.
Nous réfléchissons aussi aujourd’hui à des solutions qui permettraient de sauver plus de livres encore parmi les livres qui sont mis au rebut, mais aussi d’inciter les usagers à s’orienter sur du réemploi plutôt que sur du recyclage !
Le nouveau projet de RecycLivre aujourd’hui se déroule aussi à l’international ! Une première antenne hors de l’Hexagone est en train d’ouvrir à Madrid !
Aurais-tu un conseil pour un entrepreneur ou quelqu’un qui rejoint un projet comme toi ?
Au-delà des conseils plus « classiques » comme : mettre beaucoup de bon sens dans son projet, placer l’humain au cœur du projet, ne pas faire de compromis sur ses valeurs, et être très déterminé et persévérant ; je pense qu’il faut bien s’entourer et ne surtout pas hésiter à s’appuyer sur les dynamiques locales. Le travail en réseau est pour moi essentiel, il faut parler et aller le plus possible vers la mutualisation et l’entraide. Il me semble primordial de développer ces dynamiques que l’on oublie parfois.
Pourquoi avoir rejoint le Mouves ?
Chez RecycLivre nous sommes sur des dynamiques d’innovation, à la fois technologique mais aussi sociale – comment interagir avec nos partenaires et les collectivités – on cherche à avoir un impact social fort et pour cela, travailler en réseau et rejoindre un mouvement tel que le Mouves, a beaucoup de sens pour moi. Notre structure est déjà adhérente au national et j’ai eu la volonté de participer au Mouves au niveau régional car je pense qu’en terme d’éthique, de valeurs, de dynamique et tout ce qui est véhiculé par le mouvement correspond pleinement à ce que représente RecycLivre et à ce que l’on essaie de défendre. Je me retrouve aussi personnellement dans les valeurs du Mouves.