La Fabrique est une ébénisterie basée en région Rhône-Alpes fondée en 2008 par Fabrice Poncet et Nicolas Autric. Ancrée dans le secteur marchand, la SARL produit des meubles et des pièces d’artistes avec une forte exigence environnementale (origine des bois, pollution de l’air intérieur, recyclage des déchets). La Fabrique, c’est également un projet social qui cherche à faire une place aux personnes fragiles (handicap, insertion, décrochage scolaire) par le biais d’embauches, de périodes d’immersion ou de stages avec des associations partenaires.
L’entreprise compte aujourd’hui une vingtaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 1.300.000 € (en 2015). Elle envisage de continuer de se développer sous forme “d’Archipel”, en inventant des formes d’alliances avec des partenaires de l’économie classique, de l’Economie sociale et solidaire et de l’économie collaborative ; convaincue d’être à la croisée de ces mondes.
Interview de Fabrice Poncet
Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?
Après une formation d’ingénieur et une dizaine d’années de gestion de production dans différents domaines, j’ai rencontré Nicolas, diplômé des Métiers d’Art en ébénisterie (DMA). Nous partagions tous les deux la conviction qu’en tant que citoyens nous devions prendre nos responsabilités et agir avec nos compétences pour contribuer à construire un monde meilleur.
Nous avons ainsi fondé en 2008 La Fabrique. Le choix de la SARL s’est imposé à nous car nous souhaitions être indépendants de toute subvention pour pérenniser notre entreprise. Notre modèle économique repose sur la vente des meubles auprès de particuliers et de professionnels. Cette rentabilité est mise au service de notre projet et de nos valeurs. L’environnement, l’intégration de personnes fragilisées par la vie, le plaisir d’inventer, le beau, vivent au quotient au sein de la Fabrique.
Quel(s) obstacle(s) avez-vous surmonté ?
En regardant derrière nous, nous n’avons pas souvenir de grosses difficultés à surmonter. En revanche, entreprendre s’apparente à une course de fond… Ce qui est difficile, c’est de mener tous les sujets de front : production, communication, commerce, RH, développement et structuration … sans oublier de penser à inventer l’avenir !
En parlant d’avenir : quel est votre prochain projet ?
Notre prochain projet « OpenEmploi ! » consiste à prouver qu’on peut accueillir dans une PME ordinaire 15 % de l’effectif en insertion (soit 3 personnes dans notre cas). Nous allons investir dans un centre d’usinage pour produire des meubles sous licences Creative Commons qui seront fabriqués et montés par des personnes en insertion en collaboration avec les salariés de La Fabrique. Nous allons prototyper ce projet en 2016 (études techniques, économiques et d’insertion, formation des salariés, lancement des fabrications).
Par la suite, nous allons chercher des candidats à la duplication en France, dans tous les secteurs de la fabrication, et pas seulement le mobilier ! Il y a en France 3 millions de PME … Nous avons d’ailleurs présenté ce projet au concours La Fabrique AVIVA en espérant trouver un coup de pouce pour réussir cette duplication au niveau national. (On touche du bois !)
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un futur entrepreneur social ?
Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on ne peut rien faire ! Le tout c’est d’être bien au clair sur ses objectifs, ses valeurs et avancer étape par étape.
Je suis également frappé des possibilités d’accompagnement qui se développent aujourd’hui. Les incubateurs n’existaient pas lorsque nous nous sommes lancés. Profitez-en pour travailler votre réseau ! Quand on se lance, il faut parler de son projet à tout le monde, tout le temps !
Pourquoi avoir adhéré au Mouves ?
Nous nous retrouvons pleinement dans ce positionnement de l’entrepreneuriat social. Notre réflexion sur le développement de La Fabrique se nourrit beaucoup des rencontres, des personnes, des histoires, des questions que le Mouves nous propose. Et en plus, c’est toujours sympa !
Je suis très émue de lire cet interview surtout de voir qu’ils aident les personnes fragiles à pouvoir mettre leur valeur en travaillant ou faisant des stages chez eux. J’ai mis aussi tôt cet entretien très utile dans mes pages de Facebook et Twitter en passant naturellement sur ma page de LinkedIn avec mon “LIKE” afin que mes connexions puissent le lire attentivement. Merci beaucoup. Sincères salutations, WLM.