La Belle Aude, célèbre marque de crème glacée artisanale de Carcassonne, est née dans les tumultes d’un conflit social en 2012. Tout commence lors du rachat de l’entreprise Pilpa par un groupe germano-britannique “R and R Ice cream » en juin 2011. Ce rachat est suivi d’un plan de restructuration : délocalisations, réduction des couts fixes, plans de licenciement et annonce de la fermeture de l’usine de Carcassonne. Les salariés vont alors se battre pour préserver leurs emplois d’autant que l’usine est toujours rentable. Après de long mois de négociations, les salariés ont obtenu la droit de reprendre l’activité en SCOP ; c’est ainsi que la Fabrique du Sud est née et avec elle la marque La Belle Aude. Si le savoir-faire reste le même, le positionnement et la qualité des produits ont bien changé. Loin de produire en masse, La Fabrique du Sud s’est spécialisée dans le haut de gamme avec l’utilisation de produits locaux sans sucre ajouté, et sans conservateur. Elle compte aujourd’hui 19 salariés et distribue ses produits essentiellement dans le grand sud et en région parisienne toujours en valorisant son identité régionale.
Interview de Christophe Barbier
Quel est votre parcours ?
J’ai intégré Pilpa en tant manutentionnaire. Alors que le métier n’était pas directement en lien avec mon BTS Contrôle Industriel et Régulation Automatique, il m’a néanmoins permis de mettre un pied dans le monde du travail. Intérimaire dans un 1er temps, j’ai ensuite été embauché lors du passage aux 35 heures en tant que conducteur de machine et j’ai fini ma carrière en tant que chef de ligne. En parallèle, j’ai toujours eu à cœur de favoriser l’entraide entre les salariés, j’ai ainsi été délégué du personnel et secrétaire du comité d’entreprise. C’est naturellement qu’avec deux de mes collègues, nous avons pris les rênes du combat contre la fermeture de l’usine, et que j’ai occupé, par la suite, la fonction de président du conseil d’administration. Aujourd’hui, je suis notamment en charge des questions stratégiques et du développement commercial de la marque.
Quelle est la particularité de la Belle Aude ?
Nous tenons à notre ancrage territorial, il donne du sens à notre métier. Il est important que le citoyen sache d’où vient le produit qu’il achète, qui l’a fabriqué et comment. Cette transparence est fondamentale par rapport à notre éthique mais aussi pour éveiller la conscience et la responsabilité citoyenne. En achetant nos glaces, il sait qu’il mange un produit de qualité, sain pour la santé qui développe l’économie locale.
Quels enseignements tirez-vous des difficultés que vous avez surmontées ?
Il ne faut rien lâcher ! On nous a beaucoup dit que c’était impossible. Mais nous étions conscients de la richesse de notre savoir-faire. Et puis nous étions soudés. La Belle Aude est avant tout le fruit d’une volonté collective ! Je crois beaucoup à la force du collectif d’où la Scoop qui permet à tous les individus quel que soit leur statut social de s’exprimer de trouver leur place au sein de l’entreprise.
Comment avez-vous connu le Mouves et qu’attendez-vous du mouvement ?
J’ai connu le Mouves lors d’un déjeuner débat sur « comment entreprendre autrement » au pôle Réalis de Montpellier. J’y ai retrouvé Rémi Roux l’un des fondateurs du Mouves qui m’a convaincu de rejoindre le Mouvement. Je trouve intéressant le fait de rencontrer et d’échanger avec d’autres entrepreneurs qui partagent mes valeurs et mes problématiques. On peut transmettre notre savoir-faire, apprendre des expériences des autres et se faire connaitre au niveau national ce qui est actuellement un enjeu pour le développement de la Belle Aude.