Emmanuelle Champaud, directrice de Totem Mobi, a accepté de répondre à nos questions, sur leur initiative solidaire mais aussi sur le bouleversement à la suite du confinement sanitaire.
Une initiative solidaire pour les soignants
Totem en quelques mots ?
C’est un service d’autopartage, sponsorisé par de la publicité, accessible à tous, qui compte 174 véhicules, 15 000 conducteurs inscrits et 10 000 locations par mois.
Pouvez-vous me parler de l’initiative lancée la semaine dernière pour les soignants ?
L’offre ‘‘soignant’’ consiste à louer gratuitement les véhicules pour le personnel médical. Elle permet de conserver le véhicule, ou de le déposer sur une borne et d’en relouer un si besoin.
Nous sommes ouverts à ceux qui sont mobilisés, aux situations atypiques, par exemple, un auto-entrepreneur qui nous a fourni une facture pour l’établissement auquel il travaille, ou encore nous avons eu des demandes d’une personne travaillant à l’EFS (Etablissement Français du Sang), nous touchons les professions mobilisées.
Comment ça marche ?
Les personnes intéressées doivent nous contacter par mail, nous gérons au cas par cas. Nous demandons la carte professionnelle de la personne et en général, notre service client appelle la personne. Il y a 2 conditions :
- un dépôt de garantie de 150€ est demandé (qui sera remboursé à la fin du confinement) ;
- “jouer le jeu”, à savoir mettre les véhicules en charge (des stations existent d’ailleurs à proximité des hôpitaux).
Quel impact depuis le lancement de cette offre solidaire ?
A l’heure actuelle, une dizaine de personnes se sont inscrites et une autre dizaine sont en cours de validation.
Comment a émergé cette idée ?
Comme tout le monde, on se sent un peu bêtes face à la situation, de voir qu’il y a des gens qui se donnent, et puis au-delà de les applaudir tous les soirs, on s’est demandé ce qui pouvait être utile. Mardi, au début du confinement, lors de notre réunion d’équipe (à distance), nous nous sommes dit qu’on allait plus faire de locations, qu’est-ce qu’on allait faire des voitures si on les met de côté ou on les désactive… Il y allait avoir de moins en moins de transports en commun, les soignants, notamment les aides-soignants ou les infirmières, n’ont pas forcément de voitures. Ces personnes sont embêtées, elles doivent travailler 2 fois plus, mais ils n’ont quasiment plus de transports en commun. Nos voitures étant immobiles, autant leur prêter !
Cette idée est venue tout de suite dans notre équipe. Notre développeur, le marketing et la communication, le service client ont bossé ensemble pour mettre en œuvre cette initiative le plus rapidement possible : il fallait le faire dans les 24 heures ! Dès le lendemain, on envoyait un message pour informer nos adhérents de cette offre.
Comment avez-vous communiqué cette initiative ?
Tout d’abord nous avons informé nos clients, en invitant à faire du bouche à oreille. Nous avons eu des demandes très rapidement, on voit qu’on remplit un besoin de dingue ! Pour toucher plus le personnel hospitalier, mon collègue réalise des affiches pour les mettre dans les hôpitaux. Nous avons aussi été relayé par les médias : Green Univers, Business Angel, NRJ et sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter).
Quand le Co-Vid 19 bouscule nos manières de travailler
Comment s’organise Totem avec le confinement ?
Pour ceux qui le peuvent, nous faisons du télé-travail, que l’on pratique assez régulièrement, après le problème pour les jockeys qui travaillent sur les voitures. Nous leur fournissons l’arsenal de protection, les gants et pour les masques, au vu de la pénurie, nous les cousons nous-même.
Votre activité a-t-elle été bouleversée ?
Oui, elle a été divisée par 10. De fait, nous avons mis en place un tarif très réduit, afin que le service soit le plus large possible, 1€ le ¼ d’heure (au lieu 2,70€ normalement).
Avez-vous des bonnes pratiques à conseiller aux entrepreneurs dans la situation actuelle ?
Garder le lien ! A Totem, nous faisons 2 réunions par semaine.
Qu’allez-vous faire si le confinement continue ?
Une fois ces 15 jours de “mise en place”, nous allons travailler sur des tâches de fond afin de relancer notre activité sur les chapeaux de roue. Entre autres, nous travaillons avec nos annonceurs pour réaliser une campagne d’été, en priorité des annonceurs locaux ; nous allons également présenter notre nouvelle offre en juin, et nous ambitionnons de proposer une flotte privée, à destination des entreprises, qui souhaitent être plus responsables dans leur achat (avoir un véhicule électrique, partagé…).
Dans cette période de confinement, j’ai noté 2 choses assez merveilleuses :
- Un élan de solidarité très largement partagé ;
- Comment faire d’une crise ou d’opportunité ? Nous sommes nombreux, entre entrepreneurs, à se dire qu’on va en faire une opportunité. On remarque d’ailleurs que toutes les structures, l’Etat, les avocats, les notaires, les banques, qui accompagnent les entreprises ont quand-même plutôt, sont plutôt constructives, c’est extrement rassurant et encourageant.
Des initiatives de ce type sont-elles en train de se lancer ailleurs ?
Un loueur de voitures fait la même chose à Montluçon, et à Paris également. On est pas pléthore à le faire, l’équipe se targue de cette initiative en tout cas.
Merci encore à Emmanuelle d’avoir pris le temps pour répondre à nos questions ! Vous pouvez suivre l’actualité de Totem sur Facebook.