SINGA est une communauté de plus de 25 000 membres en France, et plus largement un mouvement citoyen international visant à créer des outils, des rencontres et du dialogue entre les personnes réfugiées et leur société d’accueil. Afin de faire face aux nombreux obstacles à leur inclusion, tels que la barrière de la langue, l’absence de réseau social ou professionnel, la méconnaissance des codes socio-culturels, la communauté de SINGA crée des rencontres et des échanges autour de passions et compétences communes. La force de la communauté réside dans le fait que chaque membre est libre de proposer une activité mobilisant des citoyens, comme par exemple un concert, un cours d’impro, ou encore un atelier de recherche d’emploi.
Actuellement ce sont plus de 600 réfugiés qui rencontrent chaque jour des personnes avec lesquelles ils échangent autour de la langue, de la culture, de leurs passions, emplois ou projets.
Interview d’Alice Barbe, Directrice de SINGA
Comment êtes-vous devenue entrepreneure sociale ?
Avant de rejoindre les fondateurs de SINGA, je travaillais au sein de l’Organisation des Nations Unies, et par ailleurs dans l’humanitaire au Mexique. Il y avait une partie excitante à travailler dans ces secteurs, mais je ne sentais pas réellement l’impact social dans mes activités. En rentrant en France, les co-fondateurs de SINGA m’ont proposé de rejoindre l’aventure et j’ai tout de suite eu le sentiment que nous étions en train de construire un changement de paradigme, que nous avions les moyens de créer un mouvement citoyen qui nous ressemblerait, et correspondait aux enjeux que nous rencontrions au contact des personnes réfugiées.
Quels sont les obstacles que vous avez surmontés ?
Ce n’était pas simple de monter une entreprise sociale avec l’ambition de changer le monde. Il fallait non seulement convaincre les acteurs du secteur de l’asile que notre travail serait complémentaire, et utile, mais aussi nos proches. Pour ma part, le plus grand obstacle a été financier, parce qu’il fallait bien payer le loyer, et j’ai travaillé à mi-temps comme consultante pendant 2 ans, avant de pouvoir vivre de mon activité Singa, qui me prenait bien plus qu’un plein temps.
Quel est le modèle économique de Singa ?
Le modèle économique de SINGA est hybride. Il combine les soutiens publics et privés classiques, à des solutions innovantes de l’entrepreneuriat social, du crowdfunding (cotisations, donations, campagne de financement) et de la production de biens et services notamment via des formations sur la question de l’asile et de l’interculturel pour les entreprises.
Quels sont aujourd’hui les enjeux de développent de Singa ?
SINGA vient d’ouvrir son incubateur, afin de permettre aux porteurs de projets réfugiés d’être accompagnés sur la création de leurs entreprises. Nous investissons également dans la recherche et développement pour construire des outils numériques. L’application CALM – Comme A La Maison, plateforme de mise en relation entre les réfugiés et des citoyens proposant une chambre pour un accueil chez l’habitant, ou encore WAYA, plateforme de ressources crowdsourcée, inclusive et polyglotte visant à répondre à toutes les questions que peuvent se poser les réfugiés, primo-arrivants et demandeurs d’asile, sont issus de ce programme de recherche.
Enfin, nous allons lancer un média alternatif, Trait d’Union (-), pour renverser le paradigme autour de l’asile et des réfugiés en valorisant et décrivant les membres de sa communauté, en proposant à ses lecteurs un voyage vers une réalité souvent oubliée dans les médias traditionnels.
Quel conseil donneriez-vous à un futur entrepreneur social ?
Le meilleur conseil que l’on puisse donner à un entrepreneur social est, d’une part de beaucoup beaucoup beaucoup s’accrocher et ne pas laisser tomber, et d’autre part de toujours se poser la question de l’utilité de son projet. Ai-je des clients ? Des utilisateurs ? Des bénéficiaires ? En quoi mon activité est-elle différente des autres ?
Pourquoi êtes-vous devenue adhérente du Mouves ?
Le Mouves représente une formidable plateforme pour apprendre et collaborer avec d’autres entrepreneurs sociaux, et échanger autour de bonnes pratiques.