Brigitte Olive – YMCA de COLOMIERS (31) – Les travailleurs handicapés, moteurs d’activités à forte valeur ajoutée

brigitte olive fond gris

L’YMCA de Colomiers est une association toulousaine créée en 1959, spécialisée dans le médico-social et plus particulièrement sur la question du handicap. Elle gère 9 établissements répartis en deux grands pôles : un pôle « social » composé d’hébergements pour les personnes handicapées et un pôle « travail », composé d’un établissement et service d’aide par le travail (ESAT), et enfin une entreprise adaptée. Le pôle « travail protégé adapté » est dirigé par Brigitte Olive depuis 2013, il compte 320 travailleurs handicapés et 70 encadrants côté ESAT et 80 salariés côté entreprise adaptée.

Comme l’explique Brigitte Olive, l’association place l’humain au cœur de son métier : « Notre vocation n’est pas de devenir expert dans un secteur d’activité mais de nous positionner sur des marchés à forte valeur « humaine » ajoutée pour proposer à nos travailleurs des activités économiquement viables et valorisantes pour eux. » 

L’interview

Comment êtes vous devenu entrepreneur social ?

Je viens du secteur emploi-formation, j’ai travaillé sur des missions de service public concernant les politiques de l’emploi pour des services de l’Etat et des collectivités. Quand je suis revenue à Toulouse, j’ai coordonné pendant une dizaine d’années le plan départemental d’insertion des travailleurs handicapés. Suite à cette expérience, j’ai été recrutée pour prendre la direction du centre de formation de l’YMCA Colomiers. En 2013, j’ai pris la tête du pôle « travail protégé-adapté » de l’association. Ce métier est passionnant parce que c’est un pari : celui d’allier des objectifs sociaux et économiques. Nous ne sommes ni dans l’assistance ni dans la bonne œuvre mais à la recherche d’une façon de valoriser les compétences des personnes handicapées par le travail. Mon but est de démontrer qu’une personne, quelle qu’elle soit, a sa place dans le monde économique. La différence est une richesse y compris dans le cadre contraint des entreprises.

Quelles sont vos propres contraintes ?

Les financements se resserrent et nos activités ne sont pas toutes rentables. Certains clients préfèrent délocaliser plutôt que faire appel à nous. Nous avons des difficultés à trouver des missions pour les travailleurs qui ne peuvent pas mobiliser leurs capacités physiques

Comme toute entreprise, nous devons faire face à une forte concurrence et être aussi performants en termes de qualité et de gestion des délais. En plus, notre travail demande de la préparation. Par exemple, certains travailleurs ne peuvent pas travailler plus de deux heures consécutives ; nous devons en tenir compte et organiser le temps de travail en fonction des difficultés de chacun.

Quelle est votre particularité pour vous distinguer de la concurrence ?

Nous recherchons des marchés de niches où les hommes peuvent faire la différence. Notre main d’œuvre qualifiée peut effectuer des tâches très précises contrairement à nos concurrents qui utilisent la robotique. Par exemple, nous produisons les étiquettes collées sur le câblage électrique des avions ; une découpe manuelle est nécessaire et seul notre établissement peut prendre le temps de l’effectuer. Ce travail demande une très grande rigueur, on ne peut pas se tromper de câble !

Nous sommes aussi dans une logique d’innovation. Nous avons déposé un brevet dans l’optique d’améliorer notre activité de nettoyage des vêtements du personnel de la fameuse entreprise aéronautique. Nous avons mis au point un système d’informatique embarqué qui permet, avec une puce RFID, de tracer le linge. L’entreprise adaptée gère la collecte et la distribution du linge et l’ESAT assure le travail de nettoyage. Au bout de 5 jours les employés récupèrent leurs vêtements propres dans leur casier.

Qui sont vos clients ? Êtes-vous spécialisés dans l’aéronautique ?

Le secteur aéronautique est très présent dans la région, c’est un gros client, mais nous ne cherchons pas à nous spécialiser dans un secteur ou sur un type de produit. Nous travaillons avec des sous-traitants, des collectivités et des PME et même parfois des particuliers. Nos activités sont diverses : aménagement du paysage, imprimerie, restauration… Nous avons aussi une activité de couture pour un client, adhérent du Mouves, qui fabrique des layettes pour bébés. Dans tous les cas, les entreprises clientes nous choisissent d’abord pour la qualité de nos prestations et notre compétitivité et pas par commisération, preuve que l’on peut être pleinement sur le marché tout en étant guidé par l’intérêt général.

Des conseils ?

C’est toujours stimulant d’être confronté à la différence, chercher la difficulté. Quand les choses paraissent impossibles, c’est aussi le rôle de l’entrepreneur  que de se creuser la tête pour trouver une solution. Si c’est facile d’autres l’auront déjà fait… Rien n’est jamais gagné ! C’est tous les jours qu’il faut se battre y compris contre ses propres préjugés : être en mouvement, c’est peut-être pour ça que je me reconnais dans le Mouves.

Pourquoi avoir adhéré au Mouves ?

Ce qui me plait au Mouves c’est  le décloisonnement. Comme vous l’avez compris je pense que la différence est source de richesse. Nous avons bien-sûr notre propre réseau d’entreprises adaptées mais le risque de ce type de réseau est de cultiver l’entre soit. Le Mouves m’apporte un autre éclairage. C’est enrichissant de rencontrer d’autres entrepreneurs de tailles différentes avec d’autres statuts, d’autres activités et d’autres objectifs. Cette pluralité de culture permet de ne pas s’endormir sur ses lauriers et de créer la surprise !

1 Commentaire
  1. Marie Audran 9 années Il y a

    Bravo à Brigitte Olive qui place l’humain au cœur de son métier.

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