Sinéo Toulouse est une entreprise d’insertion qui allie l’écologie et le social. Spécialisée dans le nettoyage écologique de véhicules sans eau avec des produits biologiques, l’entreprise aide des personnes éloignées de l’emploi à remettre un pied dans la sphère professionnelle.
Claude Paris, qui a repris la structure en 2010, nous raconte son parcours et le nouveau défi qu’il se lance avec le projet Cocoon…
Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?
J’étais depuis plusieurs années chef d’une entreprise d’informatique qui marchait plutôt bien. Mais à 45 ans, lorsque mes enfants sont partis, j’ai ressenti un vide dans ma vie. J’avais certes un métier qui me permettait de bien gagner ma vie mais tout ça manquait de sens. J’ai donc réfléchi à ce qui me motivait réellement, ce qui me procurait de la joie et me donnait envie d’avancer. Le thème de l’écologie et du social sont très vite apparus. Mais avant de me lancer dans une nouvelle aventure professionnelle j’ai d’abord voulu me tester : j’ai rejoint les restos du cœurs pendant quatre ans et j’ai passé un mois en Egypte avec Sœur Emmanuelle. Suite à ça j’ai décidé de me lancer et suis tombé sur une offre de Sinéo qui proposait la reprise de la franchise Sinéo Toulouse. L’entreprise concilliait à la fois l’écologique et le social. C’était un vrai défi de faire de l’écologie dans le secteur automobile et j’aimais le principe de l’insertion par l’activité économique où on n’est pas dans l’assistanat mais bien dans l’accompagnement des personnes. En 2010, j’ai donc décidé de racheter Sinéo Toulouse qui était alors en difficulté. Aujourd’hui l’entreprise est en bonne santé et affiche un très bon résultat et nous sommes passés de 7 à 47 salariés (dont 3 à 16 personnes en parcours d’insertion).
Pouvez-vous nous parler du projet Cocoon ?
Il y a deux ans j’ai voulu aller plus loin aussi bien dans l’écologie que dans le social.
Notre offre se destinait principalement à des professionnels et nous avons décidé de nous lancer sur le marché des particuliers, ce qui demandait de revoir notre offre et notre modèle économique. C’est comme ça que le projet Cocoon est né : une station de lavage pour particulier, doté d’un bassin de phytoépuration pour récupérer les eaux usées. Ajouté à cela un tiers lieu dédié aux structures de l’ESS, de l’insertion et du handicap.
Pour relever ce nouveau défi écologique nous avons eu besoin de nous entourer et de rencontrer de nouveaux partenaires. La mise en place d’un bassin de phytoépuration étant un projet quasi inédit dans le secteur de l’automobile, nous travaillons avec une entreprise montpelliéraine spécialisée dans le domaine.
Parallèlement, l’objectif du tiers lieu sera de sensibiliser nos salariés. En effet la grande majorité des personnes que nous réinsérons intègre des entreprises de l’économie traditionnelle et je pense que c’est notamment dû au manque de visibilité des initiatives de l’économie sociale et solidaire. Le tiers lieu sera donc composé de deux salles de réunions qui seront mises à disposition gratuitement des acteurs du secteur avec pour seule contrepartie de donner accès à deux de mes salariés lors de leur manifestation. Accueillir et organiser des manifestations en lien avec nos valeurs et ce sur notre lieu de production permettra donc d’interpeller non seulement nos salariés mais également nos clients.
De plus, notre taux d’insertion était plutôt bon : entre 80 et 100 % de sorties positives. Pour aller plus loin sur le volet social, nous avons donc décidé de faire de l’insertion de personnes handicapés : sourds et déficients mentaux légers. Toulouse est en effet la capitale européenne des sourds ce qui veut dire qu’il y a un grosse communauté sur le territoire. Pour cela j’ai d’abord voulu apprendre la langue des signes mais ça m’aurait demandé beaucoup trop de temps. Nous nous sommes donc également fait accompagner sur ce pan là. Nous avons fait appel à une société spécialisée dans le domaine qui nous fera une formation de management autour de la surdité, et j’ai aussi pris contact avec Elios, plateforme d’interprétation basé à Toulouse. Cela nous permettra de joindre un interprète en instantané via le web. Pour les déficients mentaux légers nous sommes en lien avec des ESAT qui font déjà du nettoyage écologique dans les entreprises automobiles.
Quels obstacles avez-vous rencontrés ?
En venant du business traditionnel il a fallu apprendre tout un nouveau modèle. J’ai dû apprendre à travailler avec le milieu de l’insertion et plus globalement avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire.
J’ai aussi dû pallier à la difficulté de concilier une bonne volonté d’insertion et une réalité économique. Une des erreurs faites au début a notamment été d’embaucher tous types de profils, ce qui s’est soldé par plusieurs échecs. Maintenant nous ciblons et nous avons formalisé la procédure d’embauche pour que nos recrutements soient plus pertinents et efficaces.
Avec le projet Cocoon, j’ai également découvert toute la difficulté de créer une entreprise à partir de zéro. Je vois maintenant tout ce que ça représente en terme de création d’un nouveau modèle, de démarche marketing et juridique, etc…
Avez-vous un conseil pour un entrepreneur social ?
Avoir une grosse motivation, le reste ça suit tout seul.
Pourquoi avoir adhéré au Mouves ?
J’ai bien aimé les personnes que j’y ai rencontrées. On y trouve des gens qui ont une flamme, qui ont fait des choses étonnantes, des gens un peu fous qui proposent des idées originales. C’est un mélange de précurseurs dans l’ESS et de jeunes entrepreneurs qui ont envie d’entrer dans cette dynamique de réseau.
Il y a une diversité de personnes et une certaine proximité qui font que j’apprécie la qualité des rencontres et des animations proposées.