Isabelle Poujoula – Géromouv’

Géromouv’ est né en 2015 de la rencontre entre Isabelle Poujoula et Christine Gaudichon autour d’une ambition commune : agir contre la perte d’autonomie des séniors.

Structuré en Scop, Géromouv’ conçoit et aménage des parcours de santé adaptés aux publics séniors dans des parcs et jardins. Composés d’un cheminement favorisant la marche, de modules de motricité en bois et de séances d’animation adaptées, ces parcours permettent de mobiliser toutes les capacités à préserver pour reculer la perte d’autonomie.

5 parcours ont déjà vu le jour dans le Lot et en région parisienne. Géromouv’ est aujourd’hui en phase de déploiement et de commercialisation auprès de communes, résidences autonomie ou bailleurs sociaux. Avec au cœur de la démarche, une ambition tournée vers le lien social et l’ouverture intergénérationnelle pour vivre son âge autrement.

Interview – Isabelle Poujoula, cofondatrice

Comment vous êtes devenue entrepreneur social ?

Je viens d’une famille d’entrepreneurs donc j’ai eu très tôt une culture entrepreneuriale. Avant de me lancer dans l’aventure Géromouv’, j’avais déjà créé une entreprise dans le champ de la formation. J’ai aussi été salariée dans divers secteurs et, dans cette posture, j’ai souvent été en décalage du fait de ma tendance à me prononcer sur la stratégie ou à déployer beaucoup d’énergie pour emmener les équipes dans ma direction. Mon passage à l’entrepreneuriat s’est fait naturellement. J’ai entendu parler de l’incubateur d’innovation sociale Catalis et l’approche m’a intéressée. Elle était en résonance avec mes aspirations d’entrepreneur social. Il fallait que je créer ma structure pour me sentir bien.

Le contexte était aussi favorable pour lancer Géromouv’ avec la loi santé votée en 2015. Et il n’y avait pas de dispositifs de ce type en région. Mais, au-delà de ces aspects, ce qui a joué, c’est avant tout la rencontre avec mon associée et l’idée de venir en aide, d’être en contact avec l’humain.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de Géromouv’ ?

Concernant notre public, nous nous adressons à des personnes qui commencent à être en perte de mobilité. L’idée est d’amener les séniors à faire de l’activité physique régulière alors que, dans leur tête, ils commencent à y renoncer.

Sur le plan de nos activités, nous concevons et aménageons des parcours de santé. Mais ce n’est pas tout. Ce qui est original est que nous concevons des séances d’activité physique pour faire vivre nos installations. Nous avons notamment développé une méthodologie d’animation intergénérationnelle qui favorise les liens enfants / séniors, en partenariat avec l’éducation nationale. Nous ne sommes pas sur de l’unipersonnel mais sur du collectif, nous voulons travailler sur le changement des représentations, être dans le lien, dans le mouvement.

Enfin, au cœur de notre projet, l’humain compte avant tout, tant en interne (avec la Scop) qu’en externe. Notre volonté est de rester toujours en lien direct avec notre public. Cela est possible dans le Lot qui est notre terrain d’expérience vécue, notre laboratoire. Sur les autres parcours, notre ambition est de travailler avec les animateurs locaux déjà présents sur les territoires, dans le respect des emplois existants. Nos séances d’animations leur seront transmises au moyen de tutoriels ou stages renouvelés chaque année.

Quels obstacles avez-vous dû surmonter ?

La première difficulté a été de faire comprendre notre concept. Nous savions ce que nous voulions faire mais nous n’avions rien de physique à montrer. Quand nous parlions de modules en bois, les gens ne comprenaient pas. Cela posait problème pour aller voir les financeurs et sortir du seul monde du « vieillissement ». Avec le FabLab à Toulouse, nous avons donc réalisé des modules en 3D afin de faire visualiser nos installations.

La deuxième difficulté a été de gagner la confiance du premier financeur, celle qui permet ensuite de convaincre plus facilement les suivants. Il y avait forcément une part de risque à prendre, des aspects du projet restant flous au départ sur la question de la rentabilité ou du prix des modules par exemple. La première qui nous a fait confiance est la Fondation Macif, sur la base de notre projet mais aussi de nos personnalités.

Des conseils pour un futur entrepreneur social ?

Attention à ne pas « partir court » financièrement, tant sur le plan personnel que pour l’entreprise. Il faut avoir de quoi vivre pendant au moins deux ans. Par ailleurs, une entreprise à 1€ induit forcément des contraintes de trésorerie. Tout dépend de l’activité, mais il faut investir un capital social suffisant au départ.

Mon conseil est aussi de bien choisir son accompagnement. L’accompagnement initial est important mais ensuite, il y a autre chose qui doit arriver très vite et qui est essentiel : le mécénat de compétences. Dans les parcours d’accompagnement, le porteur de projet doit beaucoup produire mais il a aussi besoin de s’appuyer sur des personnes qui « font » pour lui, qui ont des compétences spécialisées, qui donnent le coup de « boost » avant d’embaucher une personne dédiée et lui permettent d’aller plus vite : réalisation du plan d’action commerciale, veille de la concurrence… Le mécénat de compétences répond à ce besoin.

Pourquoi avoir rejoint le Mouves ?

Nous sommes basés en milieu rural et j’ai besoin de me connecter aux métropoles, là où ça se passe, que ce soit à Toulouse ou à Paris. J’ai aussi besoin de rencontrer des gens en dehors de mon cercle d’activité. Le Mouves permet cela. Le réseau favorise aussi des mises en visibilité sur nos projets, permet de sourcer de l’information sur l’ESS au sens large et enfin de rencontrer de très belles personnes.

www.geromouv.fr

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