Juratri est une SCOP, née en 1993 d’une triple innovation économique, sociale et environnementale. Pionnière en matière de recyclage, première entreprise de tri d’emballages ménagers en milieu rural – elle innove aussi par la création d’un partenariat inédit entre un acteur associatif et trois industriels du déchet. Aujourd’hui, l’activité de Juratri est diversifiée autour des filières du recyclage, notamment sur la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).
Aujourd’hui Juratri c’est 120 salariés dont 55 en insertion professionnelle, répartis sur 3 sites. 100 personnes accompagnées chaque année, 7 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 35 000 tonnes évitant l’enfouissement. Cette performance, Juratri la met au service de la création d’emploi sur le territoire. Elle ambitionne ainsi de créer plus de 20 emplois dans les deux années à venir, à travers de nouveaux investissements.
Interview de Matthieu Grosset, Directeur Général de Juratri
Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?
Diplômé de Sciences politiques, j’ai débuté ma carrière dans l’économie sociale et solidaire d’abord à la fédération des entreprises d’insertion, puis à l’Avise. En 2010, j’ai saisi l’occasion de retourner vivre dans le Jura en rejoignant Juratri en tant que Responsable de développement. En 2015, j’ai été élu par les salariés pour prendre la direction de l’entreprise avec deux autres cadres associés. L’organisation de la SCOP va au-delà du simple « un homme, une voix », c’est l’élaboration de décisions communes. Ainsi, je suis piloté par les salariés, c’est un système stimulant et valorisant.
Avez-vous connu des difficultés et comment les avez-vous surmontées ?
La vie d’une entreprise connaît toujours des difficultés, mais je préfère parler de moments clés, ces moments décisifs où la difficulté se transforme en opportunité. Pour cela, Juratri a deux grandes forces : des contrats commerciaux de longue durée qui permettent la stabilité de l’entreprise et une meilleure anticipation sur le long terme ; Une gouvernance coopérative qui permet de statuer ensemble sur les grandes décisions avec une prise de recul nécessaire.
Pouvez-vous nous parler du Clus’Ter Jura PTCE ?
Lancé en 2014 par Juratri, la vocation du Clus’Ter Jura est de mettre la coopération au service du développement du territoire pour créer localement de l’emploi durable. Le rôle du Cluster est de donner vie à toutes les idées en apportant de l’ingénierie, des communautés de projet, des partenariats avec les réseaux de recherche et les entreprises locales. Il sert de bureau d’études, aide au prototypage, trouve un porteur de projet etc. Plus de 500 personnes ont ainsi déjà été mobilisées autour d’une vingtaine de projets.
Ses domaines d’exploration vont de l’économie circulaire, à la rénovation énergétique ou encore la mobilité inclusive. Par exemple, le cluster a initiée et accompagne « J’aime mes bouteilles », un projet de consigne de bouteille en verre qui mobilise plus de 50 partenaires, dont des industriels et des vignerons. « J’aime mes bouteilles » permettra de créer une dizaine d’emplois chez ses partenaires dans les prochains mois.
Un conseil pour un futur entrepreneur social ?
L’important pour moi, c’est évidemment de savoir pour quoi et pour qui on entreprend. Après, il est nécessaire d’être en prise avec le marché et à l’écoute du territoire pour trouver les bonnes alliances. Il faut également travailler son modèle économique – pour assurer la pérennité de son entreprise – et savoir mesurer impact social et/ ou environnemental de celle-ci.
Pourquoi avez-choisi de vous impliquer au Mouves Bourgogne Franche-Comté ?
Pour trouver de l’énergie d’avancer en restant innovant. Il y a au Mouves une force, une dynamique, un engagement et une bonne humeur salvatrice quand on est seul. On est au cœur des sujets – là où l’on peut imaginer ensemble des solutions nouvelles.
