Basée à Montpellier, l’Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales (ADULLACT) a été créée en 2002 par Pascal Feydel et François Elie. Elle finance, coordonne, développe et maintient un patrimoine de logiciels et d’applications métiers en Open Source pour les administrations et collectivités territoriales. Sa spécialité ? La gestion, le transport et la conservation des documents à long terme. Sa particularité ? Son expertise dans les logiciels libres[1].
L’interview de Pascal Feydel
Comment est née ADULLACT ?
ADULLACT est née d’une rencontre avec un élu François Elie qui, comme moi, croyait en l’essor du logiciel libre. La mission de l’association était de mettre un patrimoine commun de logiciels libres au service des missions des administrations publiques. Notre projet : créer une plateforme de partage en ligne avec des outils (code source, analyse, échanges entre développeurs) permettant aux informaticiens de librement développer des logiciels et des applications en récupérant les données des uns et des autres. L’initiative a connu un véritable succès, le gouvernement lui-même a rejoint la communauté il y a sept ans, ainsi tous les projets développés par les ministères sont disponibles sur cette plateforme (http//:adullact.net).
Nous avons également rapidement compris que les administrations et les collectivités avaient également besoin d’accompagnement car ne disposant pas de ressources en personnel informatique suffisantes. En 2006, nous avons monté une SCIC sous le nom d’ADULLACT Projet pour les accompagner à la fois sur la dimension technique (amorcer les projets) et sur la dimension contractuelle (sécuriser avec un cadre juridique). Le statut de coopérative s’est imposé comme une évidence car à l’instar de nos logiciels, notre mode de gouvernance est basé sur le partage et l’idée de communauté. Nous avons connu des débuts difficiles, et failli renoncer mais au bout de 18 mois de déficit, la persévérance nous a enfin souri…
Aujourd’hui, ADULLACT Project c’est 10 000 clients, 23 salariés, un chiffre d’affaires de 1,5 millions d’euros. Nous sommes leader en France sur le marché du parapheur électronique (signature multi-format) et sur l’archivage à valeur probatoire. L’association ADULLACT quant à elle compte 9 salariés et 7000 structures adhérentes pour un budget de 700 000 euros.
En pleine croissance, nous projetons de recruter au moins 4 salariés l’année prochaine. Notre ambition s’étend au-delà des frontières : nous sommes en train de monter une filiale au Maroc et envisageons de nous implanter en Tunisie et au Canada. Nous voudrions également, nous attaquer au marché du privé. C’est un défi ambitieux car les entreprises privées n’ont pas la même culture du logiciel libre que le secteur public.
Les résistances sont encore nombreuses alors que c’est un marché qui permet de créer des emplois de services sur notre territoire…contrairement à des éditeurs de logiciels dont les bénéfices des ventes atterrissent directement aux Etats Unis… Vous l’avez compris, mon combat est aussi un combat militant.
Avez-vous des conseils pour un futur entrepreneur social ?
Malheureusement, il n’y a pas de secret pour réussir… chaque situation est unique ! Mais dans tous les cas un projet aboutit quand l’idée du créateur rencontre son public. Il faut mûrir son idée pour qu’elle réponde à un besoin bien défini. Et bien-sûr avoir une bonne dose de persévérance !
Plus d’information sur http://www.adullact-projet.coop/
[1] Un logiciel libre est un logiciel dont l’utilisation, l’étude, la modification et la duplication en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement. Ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l’utilisateur et la possibilité de partage entre individus (source wikipedia)