Soufiane Iquioussen – Le Garage Solidaire du Hainaut : un modèle économique viable et de solides partenariats, la clé de la réussite !

Le Garage Solidaire du Hainaut est né en 2014 de la volonté de son fondateur, Soufiane Iquioussen, d’enrayer l’un des principaux freins à l’emploi sur son territoire : la mobilité. Le garage  propose ainsi à un public en situation d’exclusion économique et sociale la réparation, l’entretien et l’acquisition de véhicules à moindre coût. Propulsé par le concours Talent des cités dont il a été lauréat en 2013, le garage compte aujourd’hui 23 salariés répartis sur deux antennes dans les villes de Denain et Anzin, dans le Nord-pas de Calais.

Cette entreprise a une double vocation sociale :

Premièrement, elle s’adresse à une population en grande précarité qui n’aurait pas les moyens de payer la prestation d’un garage classique, en moyenne deux à trois fois plus chère. Ceci tout en évitant le risque de concurrence déloyale, car seules les personnes prescrites par les partenaires du garage (pôle emploi, CCAS, IAE, mission locales etc.) peuvent profiter de ses services.

Deuxièmement, le garage est agréé atelier chantier d’insertion. Autrement dit, il emploie des personnes très éloignées de l’emploi, les forme aux métiers de la réparation automobile puis les aide à se réinsérer professionnellement. 75 % des salariés en insertion retrouvent ainsi le chemin de l’emploi après un parcours de 18 mois en moyenne au sein du garage.

Par ailleurs, le Garage Solidaire du Hainaut tient compte des externalités environnementales dans son activité. Pour cela, il a mis en place un partenariat avec Norauto pour faciliter le traitement des déchets. Il cherche également à se diversifier dans la réparation d’un moyen de locomotion vert : le vélo !

L’interview

Comment êtes-vous devenu entrepreneur social ?

Mon Bac scientifique en poche, je me suis immédiatement lancé dans l’entrepreneuriat classique en travaillant pour une entreprise familiale dans le bâtiment. Après un accident de travail, je me suis réorienté pour lancer une entreprise spécialisée dans l’édition et la papeterie à Paris. Au bout de quelques années, l’appel du pays était trop fort et j’ai décidé de retourner dans le Nord pour gagner en qualité de vie. Parallèlement, je me suis toujours investi dans des associations même si c’était compliqué d’allier mes responsabilités en tant que chef d’entreprise et mon investissement en tant que citoyen. Et puis j’ai fait une rencontre décisive avec un grand entrepreneur social de ma région qui m’a permis de découvrir cette autre manière d’entreprendre. Après 10 ans dans entrepreneuriat classique, j’ai compris qu’il était possible de créer de l’emploi tout en répondant à une vraie problématique sociale sur le territoire. C’est ainsi que le garage solidaire est né.

Quel est le modèle économique du garage solidaire de Hainaut ?

Notre modèle économique se base sur 3 axes complémentaires : les revenus liés à l’activité du garage, les avantages que nous tirons de partenariats noués avec de grandes entreprises privées et enfin, d’un soutien financier des pouvoirs publics. Par exemple, nous avons noué un partenariat fructueux avec Norauto qui nous propose des tarifs très avantageux sur l’achat de matériel et offre également la possibilité à nos salariés de faire des stages en immersion – nous travaillons aussi sur la mise en place d’un certificat de qualification professionnelle sur les métiers de la mécanique, ce qui leur permettra de monter en compétences. Le « graal » pour retrouver un emploi ! Nous développons aujourd’hui le même type de partenariat avec Peugeot Citroën.

Nous bénéficions de soutiens publics mais plutôt que des subventions, nous avons préféré miser sur la capacité des collectivités locales à générer des marchés en les convainquant d’intégrer davantage de clauses d’insertion dans leurs appels d’offres. Cela nous permet d’y répondre et de remporter les marchés des parcs automobiles publics. C’est du gagnant-gagnant, nous augmentons notre chiffre d’affaires et la collectivité fait des économies sachant que le marché créé financera une entreprise d’intérêt générale qui génère de la richesse, créé des emplois et a un impact social et environnemental positif sur son territoire.

Aujourd’hui, nous travaillons à la duplication de notre modèle sur d’autres territoires de la région comme Lille, le Cambrésis, Lens etc.

Des conseils ?

Je pense que c’est important de passer par une première phase d’introspection pour savoir qui l’on est et ce que l’on veut faire. Une fois qu’on a un projet identifié, il faut travailler sur le réseau, savoir s’entourer pour être accompagné dans la progression du projet. En effet, l’entrepreneur seul ne peut ni aura les compétences pour tout faire.

Pourquoi avoir d’adhérer au Mouves ?

Je n’ai pas adhéré au Mouves immédiatement, j’ai d’abord pris le temps de monter mon projet. Ce n’est qu’une fois qu’il était sur les rails que j’ai rejoint le Mouves estimant que j’avais autant à apporter qu’à recevoir des autres entrepreneurs sociaux. Aujourd’hui, je me sens plus légitime pour, m’y investir, apporter mon expérience et développer mon réseau. L’union fait la force.

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