RézoSocial est une entreprise d’insertion spécialisée dans les services informatiques. Fondée et dirigée par Pierre Deleforge et Idriss Bennani, son cœur de métier repose sur deux grandes activités.
D’une part la maintenance de parcs informatiques : mise en place d’infrastructures complexes, gestion des réseaux, des serveurs, des postes de travail…D’autre part, le développement et la commercialisation de logiciels, notamment « Siham », outil de suivi des parcours des bénéficiaires (salariés en insertion ou travailleurs handicapés)
RézoSocial se définit comme une entreprise sociale innovante. Sur le plan technologique d’abord – son métier reposant sur l’utilisation et la conception de technologies informatiques de pointe – sur le plan social ensuite, car elle permet à des personnes en situation d’exclusion de rebondir et d’accéder à des emplois à forte valeur ajoutée dans un secteur d’avenir.
Fondée en 2013, RézoSocial a remporté les trophées de l’Economie Sociale et Solidaire de la Mairie de Paris. Elle compte aujourd’hui 25 clients et emploie 5 salariés, dont deux personnes en insertion. Cette start-up sociale ne compte pas s’arrêter là comme le souligne Pierre Deleforge : « Nous avons l’ambition de continuer à nous développer pour atteindre une trentaine de personnes d’ici 3 ans. L’insertion par l’informatique est notre raison d’être : nous avons mis en place un modèle économique rentable au service de notre mission sociale. Nous voulons aller plus loin et faire de l’informatique un véritable outil de lutte contre l’exclusion ».
L’interview de Pierre Deleforge
Comment etes-vous devenu entrepreneur social ?
J’ai une formation d’ingénieur et j’ai travaillé dans des entreprises informatiques classiques. Après une dizaine d’années, j’ai réalisé que je ne m’épanouissais pas complètement dans mon job, j’étais en quête de sens. Mon expérience en tant que bénévole au Samu Social m’a confronté aux problématiques de pauvreté et d’insertion professionnelle, c’est ainsi que je me suis intéressé aux entreprises d’insertion. En 2008, j’ai sauté le pas et rejoint une association qui lançait une entreprise d’insertion. J’ai dirigé cette entreprise pendant 5 ans au cours desquels j’ai rencontré Idriss Bennani. Nous avons très vite su que nous pouvions faire ensemble quelque chose d’ambitieux. Nous avons mis en commun nos expériences et nos compétences pour créer RézoSocial en 2013.
Comment recrutez-vous les personnes en insertion ?
Nous engageons des personnes en situation professionnelle et personnelle très difficile. Ce sont les associations d’aide aux plus démunis qui, en accord avec le Pôle Emploi, nous envoient les personnes qu’elles jugent prêtes à travailler.
Nous ne leur demandons pas de formation ni d’expérience spécifique. C’est un métier où les auto-didactes ont leur place et il n’est pas nécessaire d’être ingénieur pour être un bon technicien de maintenance, un bon administrateur système, ou un bon consultant informatique. Ce sont des compétences qui s’acquièrent au fur et mesure, l’informatique est en mutation constante. Ce métier est donc tout à fait ouvert aux personnes qui sont en situation d’exclusion. En revanche, nous demandons aux candidats d’avoir la passion de l’informatique et un vrai sens du service clients.
Une fois recruté, le salarié développe de nombreuses compétences en alternant expérience de terrain et formation continue. Aujourd’hui, nos salariés en insertion sont suffisamment à l’aise pour faire du développement d’applications. Nous leur avons rapidement fait confiance, ce qui a permis une forte cohésion d’équipe. Nous tenons à ce que nos salariés se sentent fiers de travailler pour nous, comme nous sommes fiers de leur parcours !
Parallèlement, les salariés sont suivis par une chargée d’insertion qui les aide à résoudre leurs problématiques sociales personnelles (formalités administratives quotidiennes, accès au logement etc.), mais aussi à définir un projet professionnel leur permettant de se projeter et de retrouver un emploi après leur parcours chez RézoSocial. L’objectif de nos salariés est d’acquérir des compétences informatiques et de reprendre suffisamment confiance en eux pour ensuite retrouver un emploi stable dans une entreprise classique.
Nous nous considérons comme un tremplin vers l’emploi.
Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui voudrait se lancer dans la création d’une entreprise sociale ?
Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer ! Mais je leur conseille de connaître leur métier et leur secteur avant de monter leur propre entreprise. En tant que spécialistes informatiques, Idriss et moi connaissions très bien notre métier, et nos expériences dans l’insertion nous ont permis de constituer un réseau important, très utile au développement de notre entreprise.
Ensuite, je pense que c’est important d’adopter un modèle économique qui repose plus sur le chiffre d’affaires que sur les subventions. C’est ce modèle viable qui assure la pérennité de l’entreprise.
Enfin, il me semble que l’on ne devient pas une entreprise sociale par hasard. Cette vocation forte doit être clairement définie et identifiable. Chez RézoSocial, nous n’hésitons pas dire que nous sommes une entreprise d’insertion. C’est un plus, d’autant que nous assurons la même qualité de prestation qu’une entreprise classique.
Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer au Mouves ?
Idriss et moi nous reconnaissons parfaitement dans le Mouvement des entrepreneurs sociaux. Nous cultivons une vraie fibre entrepreneuriale tournée vers l’innovation et la vocation sociale est évidemment au centre de notre activité. Notre adhésion allait de soi. De plus, c’est l’occasion de rencontrer des gens très différents et d’être au cœur de l’actualité de notre secteur.
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