Sabooj est une agence de communication parisienne, fondée en 2009 et dirigée par Marie-Hélène Delaux. Ses principales missions sont le conseil et la stratégie de communication, l’édition (dépliant, brochure, catalogue, kakémono…), le web (bannière, support interactif et animé, site internet), la photographie (portrait, iconographie) et l’audiovisuel (reportage, interview, film institutionnel). L’activité de l’agence est essentiellement active en communication interne et RH, mais elle s’oriente de plus en plus vers la publicité et le marketing.
Une agence comme les autres ? Pas tout à fait car Sabooj est une entreprise adaptée, c’est-à-dire une entreprise ordinaire qui recrute au minimum 80 % de travailleurs handicapés à des postes de production (graphisme, web graphisme, production audiovisuelle etc.)
Sabooj a reçu l’agrément entreprise adaptée en juin 2010, et emploie 10 salariés dont 7 sont en situation de handicap, principalement sourds. Une spécificité qui n’altère en rien la qualité du travail fourni, comme le souligne Marie-Hélène Delaux : « Nous avons appris à nous organiser différemment mais comme les autres agences, nous livrons dans les temps et au prix du marché, un travail de qualité. ».
Le modèle de Sabooj est une vraie réussite. Première agence de communication adaptée à Paris, elle compte aujourd’hui une centaine de clients prestigieux comme le Crédit Agricole, la SNCF, L’Oréal, Lagardère ou encore GDF Suez.
L’interview
Comment êtes-vous devenue entrepreneure sociale d’une agence de communication adaptée ?
Je suis issue d’une formation en école de commerce. Jeune diplômée, je suis entrée au Crédit Lyonnais, appartenant désormais au Crédit Agricole. J’ai exercé différents postes dans l’édition et la communication, avant d’assumer la responsabilité de la communication RH du groupe. A ce titre, j’ai découvert les missions sociétales au sein d’une grande entreprise comme la promotion de la diversité et l’intégration du personnel handicapé. C’est ainsi que je me suis familiarisée au modèle de l’entreprise adaptée.
En 2007, alors que les prémices de la crise commençaient à se faire sentir, je suis devenue responsable web d’une des filiales du Crédit Agricole. Pour pallier des conditions budgétaires difficiles, j’ai proposé à mes collègues de faire appel à une seule agence de communication afin de mutualiser les dépenses et réduire les coûts pour réaliser des vidéos. Sensible aux problématiques liées au handicap, je souhaitais travailler avec une entreprise adaptée. Problème, la mission handicap a beau avoir cherché, une telle structure n’existait pas sur le marché ! L’aventure Sabooj est partie de ce constat.
J’ai décidé du jour au lendemain de devenir chef d’entreprise… adaptée ; ce n’est pas un détail car je ne me serai pas lancée dans l’aventure sans cette dimension sociale. Je trouvais intéressant de valoriser les personnes en situation de handicap dans un domaine où ça n’avait jamais été fait.
Avez-vous rencontré des difficultés au cours de votre parcours ?
Pas vraiment sur le plan administratif, car, une fois le dossier préparé, il me fallait « simplement » attendre la réponse. Heureusement, le groupe Crédit Agricole m’a soutenue dans ma démarche, et m’a embauchée comme consultante, le temps que j’obtienne l’agrément.
En revanche, la vraie difficulté – et tout l’enjeu est là – était de montrer à nos clients que nous étions aussi capables qu’une agence de communication de faire les choses vite et bien. Certains clients étaient réticents à l’idée que nous travaillions avec des personnes sourdes. Mais, petit à petit, nous avons réussi à construire un book digne de ce nom pour prouver notre savoir-faire ; il n’y a que l’exemple par la preuve qui peut convaincre ! Aujourd’hui nos principaux concurrents ne sont pas des entreprises adaptées, mais des agences de communication classiques car, comme elles, nous répondons à des appels d’offres.
Des conseils pour un jeune entrepreneur social qui se lancerait ?
Je reçois beaucoup de jeunes qui veulent créer une entreprise sociale. Je m’en félicite et ne peux que les encourager. Mais il faut avoir une bonne idée, distincte de ce qui existe déjà. Je conseille à ceux qui n’ont pas encore d’idées précises de se faire les armes en tant que salarié avant de se lancer. Monter une entreprise adaptée c’est un engagement économique et social. Il faut être encore plus à l’écoute de ses employés et faire du management puissance dix. C’est un vrai investissement personnel, mais c’est extrêmement motivant, plus que de gagner de l’argent pour rémunérer des actionnaires.
Les 3 bonnes pratiques
Pour moi, quel que soit le secteur, il faut d’abord, apprendre à gérer son temps. Pour maîtriser son stress, il faut pouvoir gérer ses priorités.
Ensuite, et c’est encore plus vrai dans le social, il est important d’être à l’écoute des équipes. Avec les personnes malentendantes, on ne se comprend pas toujours. Par exemple, Il existe des mots qui n’ont aucun sens dans le langage des sourds. Il faut toujours « s’écouter » pour se comprendre.
Enfin, je conseille de prendre un bon jus d’orange pressé tous les matins pour être en pleine forme et surtout, se donner les moyens de faire ce qu’on aime.
Retrouvez plus d’information sur Sabooj sur http://www.sabooj.com/
Bonjour. Jai lu votre interview tres instructif et source dinspiration pour moi. Je suis du BEnin et je fais un master en economie sociale et solidaire. L’entreprise social est encore mal cerne ici mais je gatde espoir. Le concept dentreprise adapte aavec des personnes vivants avec handicap est extraordinaire. Votre experience peut faire objet d.un livre ou dune rencontre pour inspirer davantage les jeunes a la recherche dune identite economique et sociale